3 février 2018 | Mise à jour le 5 février 2018
Le gouvernement vient de dévoiler quelques-unes des mesures-chocs qu'il entend mettre en œuvre pour supprimer 120 000 fonctionnaires. Un plan de départs volontaires dans la fonction publique a été annoncé lequel menace l'avenir des services publics et de la solidarité.
« C'est une déclaration de guerre » déclare Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'UFSE-CGT « C'est la stupéfaction » estime Philippe Soubirous de FO, « un dynamitage » affirme le représentant de l'Union syndicale Solidaire. Le moins qu'on puisse dire, c'est que les annonces faites jeudi dernier au Conseil interministériel de la transformation publique ont fait l'effet d'une bombe. Alors que les braises couvent encore dans les prisons, que les Ephad viennent pour la première fois de se mettre en grève de manière unitaire dans des proportions jamais vues, que les hôpitaux sont au bord de l'asphyxie, que l'Enseignement supérieur se mobilise lui aussi, que la CGT vient d'annoncer une journée nationale d'action à la SNCF… le gouvernement annonce réduire massivement et brutalement l'emploi dans la fonction publique. Le gouvernement veut aussi économiser 10 milliards sur la Sécu.
La machine à casser le service public est en marche
On n'ose imaginer l'impact de telles suppressions nouvelles d'emplois alors que le manque d'effectifs touche déjà très lourdement les assurés, les usagers, les retraités. Idem pour la fonction publique territoriale… Ainsi ce qui ailleurs serait assimilé à un plan social vient d'être étendu à la fonction publique. En parallèle, l'exécutif « assouplit » le statut des fonctionnaires en renforçant l'individualisation des salaires ainsi que le recours aux personnels contractuels, « alors même que 20 % des salariés de la Fonction publique, soit environ 1 million de personnes, sont déjà des contractuels. (…) En plaidant pour une accentuation du “salaire au mérite”, en fonction d'objectifs collectifs et individuels à atteindre, le chef du gouvernement indique clairement que les performances quantifiables et la rentabilité — bref des éléments inspirés des lois libérales du marché et antinomiques des missions publiques et de l'intérêt général — doivent occuper une place prépondérante dans le système de rémunération des agents de la Fonction publique », plaide la CGT.
Quelles missions seront conservées, lesquelles seront sacrifiées, quel dialogue sera mis en place pour de telles mesures ? Qui prendra ces décisions et arbitrera ? Les salariés ont vraiment de quoi s'inquiéter au vu de la présentation et de la rhétorique ministérielle selon lesquelles ce qui a été mis en œuvre pour faire passer les ordonnances de la loi travail est le « modèle ».
Une attaque contre la démocratie
Au-delà de l'avenir des trois versants de la fonction publique (territoriaux, d'État et hospitalière), la démocratie est, elle aussi, menacée. Quid du rôle du Parlement, une nouvelle fois tenu à l'écart de tout débat et transformé en chambre d'enregistrement ? Quid des élus territoriaux ?… En lieu et place d'une concertation, un collège de 34 « experts », hauts fonctionnaires ou anciens membres de la commission Attali, est mis en place pour établir des propositions au printemps. Sur le papier, les négociations avec les syndicats sont prévues tout au long de 2018. En réalité, le dialogue à la manière de Darmanin, Philippe, Macron s'apparente plus à un monologue suivi d'un oukase, plutôt qu'à un dialogue suivi d'une loi. Une intersyndicale des syndicats de fonctionnaires est prévue le mardi 6 février. Des annonces sont attendues à l'issue de cette rencontre, qui pourraient bien alimenter la dynamique d'une grande journée d'action en mars.