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SYNDICALISME

Visite de syndicalistes cubains organisée par la CGT Hauts-de-France

3 octobre 2018 | Mise à jour le 3 octobre 2018
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La CGT Mines Énergie a accueilli une délégation de syndicalistes cubains. L'occasion d'échanger sur la situation de l'île mais aussi sur les stratégies énergétiques mondiales. Un impératif dans une économie globalisée qui s'inscrit dans une tradition internationaliste de la CGT.

« Contrairement à ce que certains imaginent, le blocus est toujours en vigueur à Cuba ! Ses conséquences sont désastreuses. Dans le secteur de l'énergie, l'obsolescence de la technologie et l'attention que nous portons à la sécurité des travailleurs nous obligent à beaucoup investir. Ce blocus nous pénalise », souligne Alexis Asher Abreu, chargé des relations internationales au syndicat Mines Énergie de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC).

À la tête d'une délégation de trois syndicalistes, il a parcouru les Hauts-de-France à l'invitation de la Coordination régionale Mines Énergie de la CGT. Une initiative qui s'inscrivait dans le cadre du jumelage passé avec le syndicat de l'Énergie de l'Île de la Jeunesse à Cuba.

Échanger, éclairer

« L'idée de cette visite était de continuer à les éclairer sur ce qui se passe chez nous au niveau énergétique et de leur préciser notre vision du service public », commente Samuel Pyl-Tillet en charge des relations avec Cuba à la CGT. Les visites d'installations (centrale thermique de Bouchain, centrale à fuel en régie municipale de Montdidier, usine de production d'électricité à cycle combiné gaz « DK6 » à Dunkerque, etc.) ont permis de parler aussi bien du nucléaire que des énergies renouvelables. « Aujourd'hui, la part des énergies renouvelables dans la production d'électricité à Cuba est de 4 %. Nous envisageons de la faire passer à 27 % à l'horizon 2030 », signale Alexis Asher Abreu.

Des questions comme la libéralisation du marché de l'énergie ou de la perspective de la privatisation des barrages lors d'une visite au musée de la centrale hydroélectrique de Long dans la Somme ont aussi été abordées. Des thématiques auxquels les Cubains sont sensibles. « Étant donné que Cuba a besoin de capitaux étrangers pour se développer, le risque c'est qu'à un moment donné, le capitalisme y fasse son retour… La CTC reste vigilante », explique Samuel Pyl-Tillet.

Au siège d'Enedis à La Madeleine, près de Lille, les visiteurs cubains ont aussi appréhendé « avec intérêt » la technologie liée au controversé compteur Linky. « Elle les intéresse en termes de lissage de la consommation d'électricité. Dans ce pays qui en produit peu, la crainte du blackout est permanente ».

Comme un défi au blocus

La solidarité avec l'Île de la Jeunesse se manifeste aussi concrètement par « des aides matérielles. L'association Énergie Solidarité Cuba fondée à notre initiative a ainsi livré à l'Île de la Jeunesse un camion permettant de localiser les pannes affectant les câbles souterrains dans un pays qui favorise, du fait des cyclones, l'enfouissement. Ce type de matériel coûte cher. Et comme Cuba est privée du soutien de la Banque mondiale, cette aide est la bienvenue », commente Pierre-Marie Gosselin, trésorier de l'association et militant CGT. « Nos hôtes sont aussi repartis avec trois ordinateurs portables indispensables à l'activité syndicale. Ils favoriseront nos échanges », imagine Samuel Pyl-Tillet.

Vers le Niger et la Belgique aussiLa Coordination régionale CGT entretient par ailleurs des relations étroites avec des syndicats du secteur de l'énergie du Niger (Synatren) et de Belgique (Gazelco). Bien entendu, les spécificités locales déterminent la nature es coopérations. Au sein d'une Union européenne qui impose la libéralisation du marché et la déréglementation, les liens établis outre-Quiévrain offrent par exemple d'anticiper la stratégie de la multinationale ENGIE (ex-GDF Suez). Celle-ci « a fait de la Belgique un laboratoire européen en matière de télétravail. Il rend plus difficile la mobilisation syndicale », souligne Jérôme Lombardo de Gazelco. Aussi ces échanges offrent à la CGT d'anticiper la stratégie du fournisseur de gaz et de « mieux préparer les futures luttes communes ».

Au Niger, outre le soutien à des initiatives solidaires (construction de puits, création de jardins maraîchers, etc.), la CGT travaille « à la formation des cadres syndicaux. On favorise aussi l'intégration de ce “syndicalisme à l'africaine” dans les institutions internationales de concertation. Nous jouons un rôle de facilitateurs », assure Jean-François Carlier, responsable du secteur international à la Coordination.