La CGT de Paris accueille en musique les nouveaux syndiqués
Comme beaucoup d’autres structures de la CGT, l’union départementale de Paris a enregistré de nombreuses adhésions depuis le début de l’année. Le 21 juin était... Lire la suite
Que vous inspire la séquence politique et sociale ?
D'abord, un soulagement, car la mobilisation a déjoué ce qui était présenté comme une inévitable victoire de l'extrême droite. Mais ce n'est qu'un répit : en effet, elle est plus haute que jamais. Et puis la colère contre un président de la République qui ne dévie pas de sa pente autoritaire. Lors de la mobilisation contre la réforme des retraites, il a piétiné la démocratie sociale, ignoré l'opposition des syndicats, qui bénéficiaient d'un soutien massif de l'opinion publique. Maintenant, il piétine la démocratie politique en refusant de reconnaître que le Nouveau Front populaire est arrivé en tête.
Il entretient l'idée que, quelles que soient les manifestations citoyennes, dans la rue ou par les urnes, rien ne change. Cela fait le jeu de l'extrême droite, qui se nourrit du rejet de la politique.
La période participe-t-elle d'un renouveau politique des syndicats ?
La CGT, la CFDT et la FSU ont toujours dénoncé les idées d'extrême droite. Cette fois, la vraie rupture, c'est que la majorité d'entre eux s'est engagée dans la bataille politique au lieu de se contenter d'une dénonciation morale. Il y a une prise de conscience que la démocratie sociale est indissociable de la démocratie politique. Ce qui se joue dans le travail a des conséquences dans la société – et inversement. Le racisme a des incidences dans l'entreprise, la transition écologique a des incidences sur les conditions d'emploi, etc.
C'est la preuve que ce qui se joue au travail est indissociable de ce qui se joue dans le reste de la société. Or, un syndicalisme circonscrit à l'entreprise, tel que le souhaite Macron, conduit à l'ignorance de cette réalité. Il prête le flanc à une scission de la conscience des individus, lesquels peuvent finir par trouver cohérent à la fois d'être syndiqués et de voter pour le Rassemblement national.
Plus le syndicalisme a une conception étroite de son rôle, plus il contribue à la confusion et à la démobilisation politique. La CGT a su incorporer le féminisme à son agenda revendicatif en montrant qu'il s'agissait d'un enjeu proprement syndical. Il va falloir faire la même chose en hissant l'antiracisme à un niveau semblable.
Est-ce à dire que les syndicats doivent en finir avec leur indépendance politique ?
Une distanciation salutaire s'est opérée vis-à-vis des partis politiques et il ne s'agit pas de revenir en arrière. En outre, je ne nie pas l'importance de la démocratie sociale. Simplement, le syndicalisme a obtenu des avancées sur ce terrain, car il réussissait à construire un rapport de force politique. Il y a donc un double enjeu pour le renouveau du syndicalisme.
Comment redonner du pouvoir d'agir aux syndicats quand les réformes successives les ont affaiblis ?
D'abord, la syndicalisation, qui passera par le regroupement des forces militantes, entre la CGT, la FSU et Solidaires, notamment, et par le redéploiement pour gagner de nouveaux adhérents. Ensuite, créer les conditions politiques qui permettront d'en finir avec des décennies de réformes néolibérales qui ont détricoté le droit du travail et affaibli les syndicats.
Ce serait une erreur de croire un retour à la normale possible après la séquence des législatives. Rien n'est réglé et on peut supposer que les syndicats devront, avec d'autres mouvements de la société civile, peser de toutes leurs forces pour que l'exécutif tienne compte du résultat des urnes.
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