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IMPRIMERIE

Malgré l’interdiction de blocage, la grève est maintenue à l’imprimerie de Galiote-Prenant

13 mai 2019 | Mise à jour le 24 septembre 2019
Par | Photo(s) : D.R.
Malgré l’interdiction de blocage, la grève est maintenue à l’imprimerie de Galiote-Prenant

En grève depuis le 6 mai pour dénoncer la déliquescence de leurs conditions de travail, les rotativistes de l'imprimerie Galiote-Prenant ont été attaqués par une voiture bélier lancée contre eux par leur patron. Puis, assignés en justice, ils ont été condamnés à lever le blocage des camions. En dépit de quoi, ils restent en grève.

C'est une grève subite. Elle a été déclenchée le 6 mai à l'imprimerie Galiote-Prenant (Vitry-sur-Seine, Val-de-Marne) en réaction à la décision arbitraire et unilatérale de l'employeur, notifiée par lettre AR, d'amputer ses employés d'une semaine de congés payés. Et cela, assorti d'un refus catégorique d'en discuter au préalable avec les représentants du personnel et syndicaux.

Mauvaise pioche pour l'employeur, cette grève par lui provoquée tombait très mal : « Nous imprimions les tracts des partis candidats à l'élection européenne, les retards n'étaient donc pas permis, nous avons donc bloqué les camions pour obtenir une négociation, qu'on continue de nous refuser », explique un salarié gréviste.

Une voiture bélier contre les grévistes

En réponse à quoi, l'employeur a décidé, au deuxième jour de la grève, de régler ce conflit social à la hussarde. Et de foncer  sur le piquet de grève avec sa berline transformée en voiture bélier, semant la panique et l'effroi parmi les grévistes.

À l'arrivée, la jolie voiture s'est seulement abîmée contre une pile de palettes derrière lesquelles se trouvait une quarantaine d'employés avec leurs drapeaux et banderoles CGT. Une fois n'est pas coutume, le ridicule n'a point tué. « Mais il s'en est fallu de peu », assure un gréviste en évoquant l'état de choc encore prégnant chez ses collègues présents lors de l'attaque.

Les grévistes condamnés à lever le blocage

Assignés en justice par l'employeur « bélier » au TGI de Créteil le 9 mai, les grévistes ont été sommés de lever le blocage des camions. Mais pas de suspendre la grève. Un jugement en référé étrangement favorable à l'employeur alors que celui-ci n'a eu de cesse de rejeter toute proposition de négociation, y compris la médiation proposée par l'avocat du SGLCE-CGT qui représente les grévistes de Galiote-Prenant. Qu'à cela ne tienne ! Réunis en assemblée générale, les 40 grévistes, essentiellement des rotativistes, ont décidé de poursuivre la mobilisation et de tenir le bras de fer engagé avec l'employeur.

Ils exigent l'ouverture d'une négociation. Et pas seulement pour la 6e semaine de congés payés unilatéralement supprimée alors qu'elle relève d'un accord régional datant des années 1970 (toute dénonciation d'un accord suppose l'ouverture d'une négociation). Les revendications portées dépassent, et de loin, cet acquis accordé à l'époque par le patronat du labeur en contrepartie d'une modération salariale.

« Nous voulons discuter de l'égalité de salaire au poste, de l'adéquation des effectifs avec la production, de la parité femmes-hommes, de la pénibilité, des investissements nécessaires dans l'appareil productif, de la répression syndicale et du management rétrograde et violent que nous subissons », affirme un gréviste.

La 6e semaine de congés remise en cause par le patronat

6e semaine de congés payésFruit d'un accord syndicats/patronat de l'imprimerie et du labeur, la 6e semaine, également connue sous le nom de « Sixième semaine parisienne » résulte d'un accord régional s'appliquant à tous les employés du labeur d'Île-de-France depuis les années 1970.

Cet accord porte sur une compensation, accordée aux employés du labeur, d'une 6e semaine de CP, en contrepartie de l'acceptation d'une politique de modération salariale, soit de non-augmentation des salaires.

S'agissant de la 6e semaine de congés payés*, les employés en grève assurent qu'ils ne lâcheront rien : « Nous travaillons en 3/8 avec des effectifs qui ont été divisés par deux dans certains services, nous avons besoin de cette semaine de repos qui est plus importante encore que des augmentations de salaire », fait-il valoir.

Lucide, il convient néanmoins que la partie est pourtant loin d'être gagnée, au vu des moyens exorbitants à la disposition de l'employeur. « Dès l'entrée en grève, il nous a envoyé la police, les huissiers, tout cela a été très violent à vivre au point que des collègues se sont allongés sous les roues de camions pour les empêcher de sortir, c'est dire le désespoir qui règne face à la dégradation continuelle de nos conditions de travail et face à la répression syndicale, que nous ne supportons plus ».

Le SGLCE-CGT veut abolir le management paternaliste

Fervent soutien des rotativistes de Galiote-Prenant, l'une des plus grandes imprimeries de France et d'Europe où il a écumé 25 années de sa vie professionnelle, Jean-Paul de Sousa (aujourd'hui permanent du SGLCE-CGT) dénonce le management paternaliste « d'un autre siècle », cause principale, selon lui, de la dégradation des conditions de travail de ses collègues : « Charger un piquet de grève, c'est du jamais vu dans cette entreprise et c'est profondément choquant » ; a-t-il asséné.

Reste à savoir si, passé l'état de choc, les grévistes retrouveront l'entrain de poursuivre leur mobilisation. Ou si une deuxième voiture bélier lancée dans le tas suffira à avoir raison de leurs revendications.