Les Bibs de France et de Navarre devant le siège de Michelin
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Le bras de fer a commencé. Seulement 48 heures après les élections européennes, GE annonçait son intention de supprimer 1050 emplois, dont quelque 800 sur le site de Belfort. À ces chiffres, il faut ajouter ceux, plus opaques, de Nantes, Villeurbanne, Saint-Nazaire ou Aix-les-Bains ce qui, selon la CGT, porterait la facture sociale de GE à plus de 2000 suppressions d'emplois en France.
Durant des mois, le comité de groupe européen a été maintenu dans l'ignorance totale de ces informations, mais même si les représentants du personnel soupçonnaient un loup post-électoral, tous n'en sont pas moins choqués. Et salariés et syndicats ne sont pas les seuls à le dire.
Une pétition contre le plan de GE et le maintien d'une activité énergie à Belfort vient d'être lancée qui a déjà recueilli 14 000 signatures. Ce lundi 17 juin 2019, où devait se tenir la première réunion d'information sur le plan social, quelque 1500 salariés, cadres, ingénieurs et ouvriers se sont réunis sur le site pour empêcher le lancement de la procédure.
En 2014-2015, GE qui venait de racheter la branche énergie d'Alstom, s'était engagé à créer mille emplois en France dans les cinq ans. En février dernier, GE déclare que ces créations n'auront pas lieu, avant d'annoncer les suppressions de postes.
Or, pour seule pénalité, GE ne devrait payer à l'État que 50 millions d'euros. Un montant insignifiant, voire ridicule, pour cette multinationale. Bruno Le Maire, ministre de l'Industrie, n'a pas craint ces derniers jours de mettre en en avant que ces 50 millions seraient utilisés par l'État pour limiter les dégâts du plan de GE. Comme si se contenter de dire à GE qu'il y a trop de suppressions d'emplois justifiait implicitement ceux qui ne seraient pas « en trop ». Le ministre a aussi évoqué un plan de reconversion des turbines à gaz en turbines pour l'aviation, plan qui ne convainc que difficilement.
Bernard Devert, qui suit le dossier GE pour la CGT métallurgie, estime même que cette piste de diversification est un leurre : « Les savoir-faire dans l'aviation ne sont pas les mêmes et pour obtenir le label aéronautique, il faut au moins un ou deux ans. En plus il faut investir, ce que personne ne semble vouloir faire. »
En revanche, malgré une activité conjoncturellement en baisse, les besoins pour les différentes turbines gaz et vapeur pourraient redémarrer avec les choix que vont opérer les différents pays en matière de énergétique. « Il n'y a eu aucun investissement dans l'outil industriel ni dans les compétences depuis des années. Or, GE veut se désengager de l'Europe, ne garder que les grosses turbines à Belfort, tandis que le reste de la gamme serait délocalisée aux États-Unis ou vers les pays à bas coût. En parallèle, des productions seraient externalisées et sous-traitées. À terme, nous pensons que GE veut fermer Belfort. C'est toute la filière énergétique française et européenne qui est menacée. C'est pourquoi nous demandons dans un premier temps un moratoire sur les restructurations. »
Pour le syndicaliste , le constat sur la politique de GE est assez évident : le privé n'investit pas, car ses objectifs sont exclusivement financiers. Une étude réalisée par le cabinet Secafi montre en effet qu'en dix ans GE a versé 117,2 milliards de dollars à ses actionnaires. Une somme tout simplement astronomique.
Pour la CGT, la mobilisation qui grandit doit tenter d'imposer un moratoire afin d'éviter la destruction de la filière européenne de l'énergie. Il y a urgence, car à l'absence d'investissements matériels s'ajoute une véritable hémorragie des compétences et des cerveaux. Enfin, dans la foulée, il faudra mettre sur pied un plan d'investissement d'envergure, ce qui nécessite de retrouver l'impulsion d'un État stratège.
La prochaine étape de mobilisation se joue samedi 22 juin 2019, où un territoire entier va se donner rendez-vous à la manifestation de Belfort avec l'intersyndicale bien sûr, mais aussi les élus, les commerçants, qui baisseront le rideau, et toute une population qui entre en résistance.
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