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BRÉSIL

Grève générale massive au Brésil pour les retraites et pour Lula

20 juin 2019 | Mise à jour le 20 juin 2019
Par | Photo(s) : Fabio Vieira/FotoRua/NurPhoto/AFP
Grève générale massive au Brésil pour les retraites et pour Lula

Manifestation contre la réforme des retraites de Bolsonaro sur l’avenida Paulista, à São Paulo. Vendredi 14 juin 2019 jour de grève générale à travers le pays.

Quelques mois après l'entrée en fonction du président d'extrême droite Jair Bolsianro, le Brésil a vécu une journée de grève générale massive et de manifestations à l'appel des organisations syndicales pour défendre leurs retraites. Après les révélations du site Intercept sur le caractère politique d'un procès partial contre l'ancien président Lula, les manifestants ont de nouveau réclamé sa libération.

Les travailleurs brésiliens ont répondu massivement le 14 juin dernier à l'appel à la grève générale de leurs organisations syndicales, la Cut, l'UGT et Força Sindical, pour défendre leur système de retraites. Quelques mois à peine après l'entrée en fonction du président d'extrême droite Jair Bolsonaro et quelques semaines après une mobilisation d'ampleur pour la défense de l'éducation, des centaines de milliers de Brésiliens sont en outre descendus dans les rues des principales villes du pays.

Outre la défense de leurs droits à la retraite, ils ont aussi réclamé la libération de l'ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, emprisonné depuis plus d'un an, alors que le site d'investigation Intercept a confirmé la partialité d'un jugement sans preuve qui s'avère davantage une parodie de justice pour raisons politiques.

Mobilisations massives contre la politique de Jair Bolsonaro

Jeudi 14, de nombreux secteurs (transports, banques, secteur pétrolier…) ont donc été touchés par la grève, et suivis de défilés qui se sont poursuivis dans la soirée. Le gouvernement souhaite en effet réduire les droits à retraite, en réduisant drastiquement le budget des caisses et en repoussant l'âge de départ en retraite (65 ans pour les hommes 62 ans pour les femmes). Il a cependant dû renoncer au passage du système par répartition à une retraite par capitalisation.

Cette mobilisation de grande ampleur a fait suite à celles des 15 et 30 mai dernier, des centaines de milliers de Brésiliens étant déjà descendus dans les rues pour défendre l'éducation soumise à des coupes claires de son budget, avec notamment le gel de 30 % des subventions aux universités (accusées de « marxisme culturel ») et la suppression de milliers de bourses d'études. Des centaines d'établissements scolaires ou universitaires s'étaient mis en grève.

Le site Intercept révèle complot contre l'ancien président Lula

Faisant face, déjà, à une baisse drastique de popularité, le gouvernement d'extrême droite espérait profiter de la Copa America, le tournoi de football du continent pour redorer son image, le président assistant le vendredi soir à São Paulo au match d'ouverture Brésil-Bolivie. Les grèves et manifestations ont douché ses espoirs.

D'autant plus que le site d'investigation Intercept a révélé au même moment comment les responsables de l'enquête anticorruption « Lava Jato » (« Lavage express ») ont organisé un procès inéquitable et sans aucune preuve à l'encontre de l'ancien président Lula pour empêcher le retour aux pour voir.

« Les archives obtenues par notre site sur le Brésil sont parmi les plus importantes de l'Histoire du journalisme », a même commenté Glenn Greenwald, cofondateur de The Intercept. « Elles contiennent des secrets explosifs sous la forme de chats, d'audios, de vidéos, de photos et autres documents » concernant notamment le procureur de Lava Jato et le juge Moro, nommé depuis ministre de la Justice. Ensemble, ils auraient organisé un procès permettant d'écarter Lula et de l'emprisonner.

De fait, la condamnation de l'ancien président l'a empêché de se représenter à la présidentielle d'octobre dernier alors qu'il était favori dans les intentions de vote. Les preuves recueillies par Intercept concernent aussi « un grand nombre de responsables qui continuent d'exercer une importante influence politique et économique au Brésil et dans d'autres pays ».

Libération de Lula : une exigence

« La confiance dans l'État de droit au Brésil a été sérieusement ébranlée ce mercredi quand une cour d'appel fédérale a manqué de garantir un procès équitable à l'ancien président Luiz Inácio Lula da Silva. Le tribunal a fait fi de toutes les preuves à la décharge de Lula et confirmé la sentence rendue par un tribunal inférieur, augmentant celle-ci à plus de 12 ans », avait déjà dénoncé la confédération syndicale internationale (CSI) en janvier 2018 lors de la condamnation de l'ancien président.

Dénonçant aussi l'éviction de la présidente élue Dilma Rousseff, la confédération internationale et ses affiliés (notamment la CGT) avaient alors mené campagne pour la libération de l'ancien président et des élections démocratiques. Une exigence toujours sinon d'autant plus à l'ordre du jour.

Pour la justice sociale et la démocratie, les mobilisations appelées à se poursuivre

Solidaire de la grève et des manifestations du peuple brésilien, la CSI a également dénoncé « la dernière d'une série d'attaques visant les conditions de vie des travailleurs du pays. Celles-ci ont été amorcées dès 2016, à la suite de la destitution infondée de Dilma Rousseff ». Et Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, de préciser clairement : « Tout d'abord, le coup de 2016 a vu la mise en place du gouvernement non élu de Michel Temer. Composé exclusivement d'hommes blancs, ce gouvernement intérimaire a imposé un gel des dépenses publiques sur 20 ans. S'ensuivit l'emprisonnement, à l'issue d'un vaste simulacre de justice, de Lula, annoncé comme grand favori aux élections présidentielles. Le terrain a ainsi été préparé pour l'accession de Jair Bolsonaro, qui est déterminé à balayer les acquis sociaux et économiques arrachés de haute lutte sous la présidence de Lula, et à convertir le Brésil en une immense braderie pour les capitaux brésiliens et étrangers ». De toute évidence, la lutte pour la justice sociale et le retour de la démocratie ne fait que commencer.