À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
HÔPITAL PUBLIC

Après la mobilisation du 14 novembre, Buzyn au pied du mur

14 novembre 2019 | Mise à jour le 14 novembre 2019
Par | Photo(s) : Fred TANNEAU / AFP
Après la mobilisation du 14 novembre, Buzyn au pied du mur

Manifestation unitaire des personnels hospitaliers à Quimper le 14 novembre 2019

Le gouvernement a eu beau promettre de mettre à nouveau la main à la poche pour dénouer la crise de l'hôpital, les personnels de la santé et de l'action sociale ne se bercent pas d'illusions et se sont massivement mobilisés partout en France ce 14 novembre. Reportage dans le cortège parisien.

Opérations non-urgentes déprogrammées, réquisition de personnels pour assurer la continuité des soins, pourcentages de grévistes déclarés exceptionnels (80 % à l'APHP de Paris), brassards ou sparadraps sur les blouses, draps de lit transformés en banderoles, tous les signes d'une mobilisation exceptionnelle notamment de la communauté hospitalière étaient réunis ce jeudi pour défendre l'hôpital et le système de santé et d'action sociale.

À Paris, c'est par milliers que les personnels, toutes catégories confondues ont défilé à l'appel des collectifs Inter blocs, Inter Hôpitaux, Inter Urgences, le Printemps de la psychiatrie, et les organisations syndicales représentatives médicales ainsi que paramédicales AMUF, APH, CFE — CGC, CFTC, CFDT, CGT, SNPHARE, SUD, UNSA et la Coordination nationale des Comités de défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité.

Buzyn ne parvient pas à convaincre

Insatisfaits des premières mesures financières arrachées par 7 mois de grève des urgences, syndicats et collectifs exigent d'être reçus par le Premier ministre. La gestion de la crise par la ministre de la Santé semble avoir exaspéré la communauté hospitalière au point que les syndicats et les collectifs en appellent désormais à la tête de l'exécutif pour engager des négociations urgentes en particulier sur l'emploi, les salaires, les moyens financiers des établissements. Les manifestants réclamaient donc notamment « une revalorisation de l'Ondam à au moins 5 % dans le Projet de Loi de Financement de la Sécurité sociale ».

« Alors que les services sont d'ores et déjà exsangues et ne disposent plus des moyens nécessaires à la mise en œuvre des missions, les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale au titre de l'année 2020 sont marqués une nouvelle fois du sceau de l'austérité et d'économies supplémentaires à faire », a déploré la CGT dans un communiqué publié en fin de journée.

Le gouvernement est contraint à réagir

La pression exercée par le mouvement sur le gouvernement n'est pas sans effet et selon le Journal du Dimanche Agnès Buzyn a promis en réponse un « plan de soutien » qui mettra l'accent sur « un meilleur investissement courant » et « la revalorisation des salaires, notamment en début de carrière ».

Révélées par la dernière édition du Journal du Dimanche, ces mesures pourraient impliquer une hausse de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie non encore chiffrée, mais le gouvernement aurait exclu d'annuler la dette de 30 milliards d'euros des hôpitaux. Ces annonces gouvernementales dans la presse n'ont pas été du goût des sénateurs qui doivent examiner le PLFSS 2020.

En réaction, les sénateurs de la commission des Affaires sociales ont décidé de suspendre l'examen du budget de la sécurité sociale. « Nous sommes très satisfaits qu'Agnès Buzyn ait obtenu gain de cause et que la limite de 2,3 % (de l'Ondam) ait été levée, explique Jean-Marie Vanlerenberghe vice-président de la commission des Affaires sociales et rapporteur sur le projet de budget de la Sécu.

« Le problème, pour nous, vient du calendrier : nous allons débattre pendant une semaine d'une loi avec un Ondam limité, projet de budget que nous voterons le 19 novembre. Et le lendemain, le 20 novembre, la ministre va annoncer un plan qui rendra caduc notre vote, puisque le niveau de l'Ondam devrait y être relevé. »

Les sénateurs n'ont pas l'air d'apprécier la méthode du gouvernement : « C'est une marque d'irrespect pour le Parlement qu'il aurait été facile d'éviter : Agnès Buzyn aurait pu inclure les mesures de son plan à l'occasion de notre débat au Sénat et nous, élus de la République, aurions ainsi pu tout de suite en débattre », estime encore Jean-Marie Vanlerenberghe.

Il faut desserrer l'étau budgétaire

Difficile pour le gouvernement d'échapper à un desserrement de l'étau financier qui asphyxie véritablement les établissements de santé. D'ailleurs, dans une tribune publiée mercredi 13 novembre par Le Monde, 70 directeurs médicaux de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP) appellent à augmenter le budget alloué à la santé et à revaloriser les salaires des soignants, redoutant un « point de rupture irréversible ».

« Nous ne sommes plus en mesure d'assurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins », s'alarment les signataires. Faute de personnel, « des centaines de lits d'hospitalisation » et « des dizaines de salles d'opération » sont fermés, « chaque semaine des unités de soin ferment », poursuivent les auteurs de la tribune.