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Avec « Dernière sommation », les violences policières en roman

10 janvier 2020 | Mise à jour le 26 février 2020
Par | Photo(s) : DR
Avec « Dernière sommation », les violences policières en roman

Dans son premier roman, Dernière sommation, le journaliste et documentariste David Dufresne scrute la répression policière qui a sévi durant la révolte des Gilets jaunes et en interroge les motivations et les effets.

« #Allo @Place_Beauvau c'est pour un signalement » : durant des mois, depuis le début du mouvement des Gilets jaunes, le journaliste et documentariste David Dufresne a témoigné des violences policières subies par les manifestants. Un travail de recension, de vérification, de recoupements, lui permettant de documenter chacun des faits qu'il mentionne et décrit et pour lesquels il a n'a eu de cesse d'interpeler le ministère de l'Intérieur. Un travail minutieux, réalisé notamment à partir des témoignages reçus à son adresse, connue des militants, @DavDuf, et qui lui a valu le Grand Prix du journalisme de l'année 2019.

Avec Dernière Sommation, c'est par un roman et donc sous le mode de la fiction que David Dufresne choisit de scruter les pratiques policières lors de ce mouvement des Gilets jaunes qui a sidéré le pouvoir, de comprendre ce qui se joue dans la chaîne hiérarchique, de disséquer les rapports entre le politique et certains syndicats de policiers, d'analyser la montée en puissance de la répression, ce qui la motive, et ses effets.

De témoigner des blessures visibles et invisibles infligées à tant de manifestantes et manifestants, des vies brisées. D'interroger une époque, à travers les yeux de son héros, Étienne Dardel, son double littéraire.

Dardel, et des personnages tout aussi proches du réel. Vicky, qui perdra une main. Sa mère, d'abord rencontrée à un rond-point, et que le lepénisme a su — un temps ? — attirer. Des flics, aussi. Du terrain à la salle de commandement. De ceux qui veulent en découdre et aller à l'affrontement à ceux qui se font déborder par les premiers ou aux formateurs qui tiennent aussi le rôle de révélateurs.

« Dernière sommation ». À qui s'adresse-t-elle ? Ceux qui auront subi matraques, grenades, LBD, n'auront guère entendu prononcer cette injonction avant que la répression s'abatte sur leurs corps.

« Les mots ont un sens », répète dans le roman un patron de la préfecture de Paris qu'il finit par quitter. Les mots ont un sens. Et cette dernière sommation ressemble un peu ici à une alerte, alerte aux lecteurs au moins, pour peu qu'ils se soucient de la démocratie, du respect et du droit et des citoyens.

Un livre à ne pas rater.

Dernière sommationde David Dufresne. Grasset. 2019. 234 pages. 18 €