Privatisation : 10 ans de recul des missions postales
L'évolution du service public des moyens de communication, symbolisée par les PTT avant les années 90, illustre les orientations et la conception des gouvernements successifs.
Passer de la notion de bien commun, adossé à l'aménagement du territoire, à une conception marchande de services ramenée à l'individu consumériste.
La création de la société anonyme (SA) en mars 2010 a, au nom de l'Europe, modifié en profondeur le rapport de l'état aux missions de services publics confiées au groupe La Poste. En résumé nous sommes passés d'un état acteur de l'aménagement du territoire à un état « actionnaire » du groupe La Poste.
Une définition pas anodine
Cette définition n'est pas anodine. Le contour des missions est depuis élaboré au sein du contrat d'entreprise, nous sommes ni plus ni moins sur une conception de délégation de services publics. La proximité, abordée par le seul prisme des points de contact, est « négociée » avec l'état et l'AMF (association des maires de France) avec comme seul fil rouge « ce n'est pas à La Poste de supporter financièrement l'aménagement du territoire ».
Cette stratégie orchestrée par les gouvernements successifs renvoie le financement de la présence postale sur les collectivités locales, via les exonérations fiscales.
En 10 ans la dégradation de la qualité de service associée à des plans de destruction d'emplois (7000 à 8000 par an) a impacté le sens du travail et la notion d'usage. L'ensemble des dispositions prises a accompagné le désengagement de l'état. L'année 2020 sera guidée par la mise en place des espaces France services, véritable instrument d'une approche mercantile et minimaliste de l'intérêt général et bien entendu de la notion de service public.
Une deuxième phase de marchandisation des services publics
Cette première phase en partie atteinte, une deuxième doit permettre la marchandisation de tous les services publics, avec La Poste a la manœuvre, et l'augmentation des dividendes. Cette dernière finalité prend une place conséquente dans la vision stratégique du Groupe la Poste, missionné pour financer les politiques gouvernementales, via la Caisse des dépôts et consignations (CDC).
Pour atteindre cet objectif, les orientations ciblent trois thèmes principaux :
- développer le groupe a l'international par la croissance externe ;
- séparer les activités courriers et bancaires au sein du réseau, avec comme ambition de développer la banque et l'assurance ;
- marchandiser l'ensemble des services autour de la personne et du domicile.
Afin de donner les moyens à cette politique, il fallait augmenter la capacité d'investissement du groupe La Poste (transfert de la CNP à la Banque postale et prise de contrôle du groupe La Poste par la CDC). Ce sont donc les capitaux propres apportés par cette transaction capitalistique qui justifient cette manœuvre. Nous sommes bien loin d'un pôle financier public sur lequel les différents acteurs s'évertuent à communiquer.
La finalité est clairement établie au travers des comptes de résultat et des budgets prévisionnels, la logique financière est devenue la seule boussole des actionnaires et du PDG.
Quelle place de l'humain ?
Nous sommes confrontés à un affrontement idéologique sur la place de l'humain dans la construction de la société.
C'est ce qui nous fait porter la proposition d'une appropriation publique démocratique des activités postales et de télécommunications qui permettent aux salariés et plus largement au peuple d'imposer aux opérateurs dont La Poste une raison d'être qui soit la réponse aux besoins en termes d'accès aux moyens modernes de communication écrite, orale, visuelle et maintenant des données dans le cadre d'un grand service public de la communication.