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Bridgestone Béthune : un plan de sauvetage et beaucoup de questions

20 octobre 2020 | Mise à jour le 20 octobre 2020
Par | Photo(s) : Denis Charlet /AFP
Bridgestone Béthune : un plan de sauvetage et beaucoup de questions

Manifestation à Béthune en soutien aux salariés de Bridgestone, dont l'usine est menacée de fermeture.

La ministre de l'Industrie annonce un projet de maintien d'une partie de l'activité de l'usine de pneus du Pas-de-Calais. Le prix à payer par les salariés serait lourd : 300 à 400 licenciements accompagnant d'importants gains de productivité. Pour la CGT, il faut sauver les emplois.

« Je garde toujours espoir mais à l'instant T, rien n'est fait… » Jean-Luc Ruckebusch, représentant syndical CGT à l'usine Bridgestone de Béthune, reste très prudent concernant le sort de l'usine de pneumatiques du Pas-de-Calais.

Après la réunion organisée le 19 octobre au ministère de l'Economie, les annonces d'Agnès Pannier-Runacher, ministre chargée de l'Industrie, évoquent un « scénario » alternatif à la fermeture du site, avec « 460 à 560 emplois maintenus » sur les 863 actuels.

Il est question d'un plan pour atteindre une production annuelle de 3 millions de pneus de haute qualité à Béthune, moyennant 100 millions d'euros d'investissements. L'enveloppe pourraient être prise en charge à « 10, 20 ou 30 % » par l'Etat et les collectivités locales, selon Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, présent à la réunion. Mais ce « scénario », basé sur une étude du cabinet Accenture, missionné par le ministère, suppose aussi des gains de productivité importants, estimés entre 25 % et 40 %.

Beaucoup de regards se tournent vers l'usine Bridgestone de Bari, en Italie, où après l'annonce en 2013 d'une fermeture, une partie de l'activité a finalement été maintenue, mais avec une baisse des rémunérations de 20 % à 40 %.

« Nous avons déjà perdu une prime de production équivalant à 8 ou 10 % du salaire. Vu le nombre de collègues qui touchent la prime d'activité, on ne peut pas dire que les salaires soient élevés à Bridgestone Béthune. Demain, pour garder son emploi en France, faudra-t-il être un travailleur pauvre ? », interroge Jean-Luc Ruckebusch.

Quant aux gains de productivité, ils rappellent furieusement l'accord de performance collective, baptisé Accord Vision 2021, que la direction de l'usine a voulu imposer. Le résultat du référendum qu'elle a organisé au printemps 2019 était sans appel : plus de 60 % contre l'accord, avec une participation supérieure à 90 %.

Quand Bridgestone souhaite négocier la fermeture et « trouver toute solution externe »

En réponse à la ministre, Bridgestone Europe a accepté du bout des lèvres « d'examiner [la] viabilité [de son scénario] durant les prochaines semaines ». Mais le communiqué du groupe est clair : sa priorité reste de « trouver toute solution externe susceptible de créer de nouvelles activités sur le site et pour le territoire ». En clair, se débarrasser de l'usine de Béthune et refiler le bébé à quelqu'un d'autre.

Tout comme le groupe japonais rappelle que « la procédure d'information-consultation sur le projet [de fermeture de l'usine, NDLR] et les négociations sur les mesures sociales se poursuivent ».

« On en est à auditer des cabinets de reclassement et on parle toujours de 863 emplois supprimés », confirme Jean-Luc Ruckebusch. L'objectif de Bridgestone serait de fermer définitivement les grilles début mai, « en espérant qu'avec le Covid, ils ne vont pas accélérer encore les opérations », commente le représentant CGT.

Lui n'en démord pas : le seul projet alternatif, c'est de « sauver le plus d'emplois possible » à l'usine de Béthune. « Bridgestone a de l'argent », insiste-t-il. Et si ses investissements devaient être subventionnés avec de l'argent public, « il faut nationaliser une partie de l'entreprise », conclut-il.