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Castex consulte, sans renoncer

Frédéric Dayan
27 octobre 2020 | Mise à jour le 27 octobre 2020
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La rencontre de lundi 26 octobre entre le Premier ministre, les organisations syndicales et patronales pourrait être regardée comme une énième consultation pour rien. Pourtant, il s'est bien passé quelque chose d'important, car cette fois, les syndicats ont interpelé Jean Castex d'une même voix pour demander que la réforme de l'assurance chômage, reportée jusqu'à la fin de l'année, soit « abandonnée » et suggéré au gouvernement d'« annoncer que l'heure n'est pas de remettre à l'ordre du jour le sujet des retraites ».

Les cinq responsables des confédérations avaient écrit au Premier ministre pour demander également « une réunion d'urgence consacrée à la reconnaissance effective du rôle essentiel des salariés et salariées des emplois dits de la deuxième ligne » afin d'étudier « sans délai » une « revalorisation des salaires, conditions de travail, d'emploi et de carrières ». Enfin, et ce n'est pas anodin non plus, les syndicats veulent une réunion rapide sur l'évaluation des conséquences des ordonnances travail (de fin 2017, NDLR) afin de rétablir les droits de représentation collective des salariés à la hauteur des enjeux actuels ».

Selon eux en effet, les dispositions sanitaires « se traduisent par des restrictions importantes, notamment en matière syndicale, en ce qu'elles limitent de fait l'exercice régulier du droit de réunion et de manifestation ».

Cette convergence de vues des organisations syndicales face à un gouvernement aux orientations néolibérales et un patronat qui exige plus de sacrifices au monde du travail et toujours plus d'argent public sans contreparties sociales témoigne d'abord de la très forte préoccupation du monde du travail vis-à-vis des réformes des piliers essentiels de notre protection sociale que sont, notamment, la retraite et l'assurance chômage.

Des filets de sécurité ou des amortisseurs sociaux que la crise économique et sociale liée à la pandémie rend plus précieux et vitaux, en même temps qu'ils restent insatisfaisants à bien des égards du fait des réformes déjà à l'œuvre. Sur ces sujets structurants, les reculs enregistrés ces vingt dernières années ont la plupart du temps été rendus possibles parce que les gouvernements profitaient du morcèlement du paysage syndical et des divergences qui trop souvent l'empêchent de se rassembler. C'est sans doute ce qui donne à cette démarche commune une certaine valeur. Et aussi un poids même si, constant dans sa furie réformatrice, l'exécutif « n'entend pas renoncer » à la « réforme majeure » de l'assurance-chômage. Il ne renonce pas, mais diffère encore de trois mois son application.

C'est aussi parce que les syndicats ont montré leur identité de vues face au Medef que le patronat a été contraint d'accepter que s'ouvrent des négociations interprofessionnelles sur le télétravail en vue d'un nouvel accord.

Quand les syndicats parlent de concert et que la CGT prend toute sa part dans ces expressions communes, gouvernement et patronat n'ont plus tout à fait les coudées franches ni la maîtrise de l'agenda.