Quel retour à la scène et à l’emploi pour les festivals ?
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Ce jeudi 3 décembre, le froid glacial et le crachin d'une fin d'automne n'auront pas découragé, à Paris, plusieurs dizaines de courageux décidés à faire entendre leur voix. Sur le parvis de l'Opéra Garnier, lieu symbolique, des comédiens, chorégraphes, musiciens, techniciens, réunis sous les drapeaux rouges SNAM-CGT (Syndicat national des Artistes Musiciens) ou encore SFA-CGT (Syndicat professionnel des artistes dramatiques, chorégraphiques, lyriques, de variété, de cirque, des marionnettistes et des artistes traditionnels), arboraient sur leur cœur et sur leur masque l'autocollant « culture en danger ».
Entre deux chansons (Bella Ciao, Le temps des cerises, L'Internationale, etc.), entonnées à plein poumon par leur chorale improvisée sur les marches du monument, ces professionnels du spectacle ont partagé leur inquiétude face à l'avenir.
Ainsi, Catherine, comédienne, parle d'une profession « laminée », avec ce nombre impressionnant de compagnies de théâtre anéanties par la crise sanitaire. La chorégraphe Sophie, victime du report de tous ses projets, ne reçoit plus que 1200 euros d'indemnisation par mois.
« Mon allocation chômage reste bien plus faible que mes salaires », confirme Baptiste, ingénieur du son. Même son de cloche chez Yumi, comédienne, quasi sans travail depuis mars, qui a dû s'endetter lourdement pour couvrir des frais imprévus. « Mon travail relève de l'artisanat, dans des petites structures déjà précarisées. Et, à l'heure actuelle, je ne vois pas comment je pourrais réaliser mes cachets, d'ici le 31 août, date de fin de “l'année blanche” », s'émeut Karine Huet, accordéoniste et Secrétaire générale adjointe du SNAM.
Pour l'instant, le retour à la normale ne saurait être à l'ordre du jour, comme l'indique Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle, au micro : « Les salles rouvrent le 15 décembre, mais avec un couvre-feu à 21 h et des jauges réduites. Quant aux “concerts debout”, ils n'ont pas repris ! », rappelle-t-il. Par ailleurs, il tire la sonnette d'alarme sur les droits sociaux.
Quid des congés maternité, dont les conditions d'accès n'ont pas été modifiées en situation de crise (150 h/trimestre) ? Quid de la médecine du travail, alors que le Centre Médical de la Bourse (CMB) pour les intermittents et les pigistes, se voit menacé de faillite ? Quid de la formation continue, même si les caisses de l'Afdas viennent d'être renflouées ? Quid des complémentaires santé, assurées par Audiens, à l'heure où les cotisations sociales se voient réduites comme une peau de chagrin ?
La CGT Spectacle, le SNAM, le SFA réclament ainsi une prolongation des droits d'un an après le retour à la normale. Par ailleurs, à l'initiative du SNAM, la CGT brandit cet argument : « Travailler quand même ». Ainsi elle incite le gouvernement à apporter un soutien financier solide aux résidences de création et aux répétitions.
Karine Huet explique : « Avec un document clair, nous avons chiffré les dépenses pour la création de ce Fonds pour les artistes : un système qui profite à plusieurs protagonistes. Ainsi, nous proposons à l'État de financer huit répétitions et deux représentations par mois. Ils seront accueillis dans les SMAC, les bars, les salles de spectacle, qui ne débourseront rien, et pourront, elles aussi, se relever de la crise… »
Déposé sur le bureau de Roselyne Bachelot, cette revendication aurait suscité, de source officieuse, un intérêt chez la ministre de la Culture, sans pour autant, provoquer de réaction « officielle ». Devant l'Opéra, Cyril, comédien, conclut : « Grâce à l'année blanche, on maintient la tête hors de l'eau. On aimerait maintenant sortir du bain… »
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