5 février 2021 | Mise à jour le 5 février 2021
Après la publication vendredi des « excellents résultats » financiers de Sanofi en 2020, les syndicats du groupe pharmaceutique dénoncent auprès de l'AFP l'absence de hausse générale des salaires et les suppressions de postes, protestant contre le « mépris » de la direction à l'égard des salariés.
Pour la CFDT, face à ces résultats annuels « en forte hausse » (un bénéfice net en progression de 340 % à 12,3 milliards d'euros), le refus d'une augmentation générale des salaires « n'est pas acceptable ».
« Ça accrédite ce qu'on avait demandé » lors des négociations salariales fin 2020, d'autant que « les salariés ont fait beaucoup d'efforts l'an dernier pour la sécurité sanitaire en France et dans le monde », souligne Humberto De Sousa, délégué CFDT.
Pour sortir du Doliprane et autres médicaments, « les équipes sont venues travailler même pendant le premier confinement, avec la boule au ventre, sans garanties pour leur santé. Énormément d'efforts ont été demandés aux salariés, à tous les niveaux » de l'entreprise, relève-t-il. « Accorder 0 % d'augmentation pour la plupart des cadres et distribuer quelques miettes pour le personnel de production », c'est « terriblement désobligeant vis-à-vis des efforts fournis », insiste-t-il, en souhaitant que la direction « rectifie le tir ».
Dans un message — consulté par l'AFP — adressé vendredi aux salariés, le président de Sanofi France, Olivier Bogillot, retient lui « une hausse significative de la rémunération variable collective qui sera versée à tous les salariés en France en 2021 ». Et l'augmentation du dividende, qui passe de 3,15 à 3,20 euros par action, profitera aux salariés actionnaires, soit « plus de 90 % » du personnel français, poursuit-il.
Certes, « la hausse du dividende bénéficie aussi aux salariés actionnaires, mais on préfèrerait une augmentation collective des salaires, plus juste dans cette période », estime M. De Sousa. « Ça fait râler. Après dix ans d'efforts, de changements d'axes stratégiques permanents, il n'y aura pas besoin de pousser beaucoup pour que les gens sortent manifester à nouveau leur mécontentement. »
Nouvelle mobilisation des professionnels de Sanofi qui casse sa recherche
« Un ras-le-bol »
La CFE-CGC, qui « se félicite des excellents résultats » 2020, a « encore alerté la direction que le compte n'y était pas pour les salaires », car « le premier élément de rémunération, c'est le salaire de base », un « élément fixe ». « Dans une boîte qui se porte très bien financièrement, ce serait normal d'avoir un retour pour les salariés », après « dix ans d'efforts, de super résultats, de pression sur les conditions de travail, de restructurations en permanence. C'est insupportable », juge Jean-Marc Burlet, coordinateur CFE-CGC.
« Une grande majorité » des cadres n'ont pas eu d'augmentations individuelles, ce qui « entraîne une démotivation profonde. C'est la première fois qu'on voit un tel écœurement parmi les cadres », met-il en garde. Globalement, il y a « un ras-le-bol » dans l'entreprise.
La CGT, qui continue d'appeler à la grève pour protester contre les suppressions d'emplois, la politique salariale et les conditions de travail, va « poursuivre son combat contre ce mépris » d'une direction qui mène « une politique de profitabilité purement financière ». « Une situation totalement ubuesque, incompréhensible », alors que Sanofi va « certainement être l'entreprise la plus profitable du CAC 40 », note Jean-Louis Peyren, coordinateur CGT. Des résultats prouvant selon lui que « 1 700 postes [en Europe, dont un millier en France] vont être supprimés pour rien ».
La rémunération variable évoquée par M. Bogillot, « c'est de l'argent au noir, sans cotisations sociales pour la +Sécu+ », critique-t-il, parlant lui aussi de « ras-le-bol » parmi le personnel.
FO réclame également « une reconnaissance », « une contrepartie » aux « efforts des salariés », dont certains « ont mis leur vie en danger en travaillant sur les chaînes de fabrication pendant la phase aigüe de la pandémie ». La rémunération variable ? Ça ne vaut pas une hausse de salaire « valable jusqu'à la retraite », considère Pascal Lopez, délégué FO, qui estime que « si l'entreprise veut rester parmi les meilleures, ce ne sera pas en supprimant des pans entiers de la recherche ».