L’avenir de la centrale de Cordemais de nouveau en suspens
Cordemais, l’une des deux dernières centrales à charbon en France, veut carburer au vert. Le 17 avril, près de 500 élus et militants sont venus défendre le projet... Lire la suite
Les syndicats d'EDF en lutte contre Hercule mesurent si bien l'importance cruciale de tous ces enjeux d'intérêt général qu'ils n'ont pas eu grand peine, dès leur mise en mouvement fin 2020, à convaincre les élus de tous horizons politiques de s'approprier les tenants et aboutissants de cette réforme et d'obtenir du gouvernement – qui n'en voulait pas – la tenue de débats publics autour du plan Hercule.
Arrachés avec les dents par sénateurs et députés d'un bord à l'autre de l'échiquier parlementaire, ces débats n'ont pas encore gagné le retrait du projet Hercule. En revanche, ils ont permis de lever un coin de voile sur les négociations secrètes, en cours depuis 2019, entre le gouvernement et la Commission européenne.
À l'aune des auditions successives de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, du ministre des Finances, Bruno Le Maire, du PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy et du président de la CRE (Commission de régulation de l'énergie), Jean-François Carenco, les craintes et alertes au démantèlement de l'entreprise publique EDF exprimées par les syndicats s'avèrent non seulement fondées, mais plus qu'inquiétantes.
Car malgré les dénégations d'un projet de privatisation d'EDF, réitérées par les cinq séides de la Macronie jusqu'ici auditionnés, ce qui se joue entre Paris et Bruxelles ne se borne pas à choisir la couleur (Bleu, Azur, Vert) à attribuer aux trois futures entités issues de la « réorganisation » d'EDF. Pas plus qu'il n'y est question du plan Hercule, simple cheval de Troie offert par le gouvernement français aux citoyens pour mieux les leurrer tandis qu'il poursuit, toujours en catimini, les « discussions » avec Bruxelles.
Ce qui se joue à travers le torpillage désormais avéré et programmé du fleuron national EDF – deuxième producteur mondial d'électricité – c'est la reconfiguration totale du secteur public de l'énergie. Secteur qu'il faudra désormais renommer « marché de l'énergie », puisque tel est au final l'objet des fameuses et fumeuses négociations « Paris-Bruxelles » : transformer un bien public de première nécessité en marchandise, de sorte que des acteurs privés rétifs au ROI* de long terme et à la prise de risques puissent en faire commerce et en tirer profit.
« Nul besoin d'être grand clerc pour comprendre que le découpage d'une entreprise intégrée en trois entités distinctes et étanchéisées a pour but d'organiser la mise en concurrence entre ces entités et avec les nouveaux entrants », observe un cadre d'EDF.
Ou qu'engager la France dans la transition écologique et le renouvelable nécessiterait de livrer en pâture les activités rentables et d'avenir d'EDF Vert (commerce, distribution, services, renouvelables) à des acteurs privés qui, sans avoir investi le moindre euro, s'improviseront fournisseurs d'énergies produites par EDF, mais à des prix inférieurs aux coûts de production d'EDF Bleu (le nucléaire), lequel demeurera en effet 100 % public afin qu'il contribue au financement de la mise en place du marché de l'énergie et du ticket d'accès à ce marché pour les concurrents d'EDF.
« Un secteur privé de l'énergie aussi ingrat qu'on est généreux avec ses opérateurs, ça devrait interroger. Une tartuferie si aveuglante qu'elle risque de passer pour du génie ! », prévient le cadre d'EDF.
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