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MÉDIAS

BFM Business : retiré de l'antenne par le fait du prince

9 avril 2021 | Mise à jour le 9 avril 2021
Par | Photo(s) : BFM
BFM Business : retiré de l'antenne par le fait du prince

Démission collective à Science et Vie, règne de la terreur à Canal+, éviction par vengeance à BFM Business… Dans certains médias, aucune tête ne doit dépasser, sous peine de prendre la porte.

Sale temps dans les rédactions. Le 31 mars, neuf journalistes démissionnent collectivement de Science & Vie, écoeurés par le sabordage de ce magazine presque centenaire, racheté en 2019, ainsi que tous les titres du groupe Mondadori France, par Reworld Media.

Fin septembre 2020, la rédaction se mettait en grève et fin novembre, elle votait à plus de 80 % une motion de défiance. Le texte dénonçait notamment le sort du site de Science & Vie, « désormais alimenté par des chargés de contenus non-journalistes», avec des « sources non scientifiques » ou encore des « traductions littérales de communiqués de presse».

Même catastrophe pour le magazine « papier » : le numéro d'avril publie un communiqué d'un laboratoire pharmaceutique, « maquetté » comme un article de la rédaction, titré « Covid-19 : pas de danger démontré avec les anti-inflammatoires ».

À Canal+, le règne de la terreur

À Canal+, propriété de Vincent Bolloré, c'est la terreur qui règne. D'abord le licenciement de l'humoriste Sébastien Thoen pour une parodie des émissions de Pascal Praud sur CNews (filiale de Vivendi, comme Canal+). Puis celui du journaliste sportif Stéphane Guy, pour avoir osé le soutenir à l'antenne.

Désormais, ce sont les 150 salariés signataires de la pétition de protestation de la Société des journalistes (SDJ) de la chaîne qui sont dans le viseur. Plusieurs ont déjà été débarqués.

Patrick Drahi, à la tête de SFR, mais aussi de NextRadioTV (BFM, BFMTV, RMC…) ne pouvait être en reste. Tout commence par les éditions des 3 et 10 mars du Canard Enchaîné, qui racontent comment, fin février, une « vingtaine de convives a été verbalisée» lors d'une descente de police dans un «resto clandé» parisien et son gérant « placé en garde à vue pour mise en danger de la vie d'autrui». Parmi les convives, des journalistes et des consultants de BFMTV.

Information aussitôt complétée par Capital, qui précise que le restaurant en question est « un établissement adossé au campus du groupe Altice (SFR, BFMTV, RMC…) » et « la propriété personnelle de son patron, Patrick Drahi ». Dès le numéro suivant de l'émission BFM Bourse, sur la chaîne BFM Business, Grégory Raymond disparaît de l'antenne. Intervenant régulier dans l'émission, il est aussi… journaliste à Capital. Une vengeance, donc, alors même que ce dernier n'a rien à voir avec l'article qui a fâché Patrick Drahi.

Cette éviction est « vraiment le fait du prince », assure Alban Azaïs, délégué syndical CGT à NextRadioTV, « on n'a même rien demandé au rédacteur en chef ni au directeur de la rédaction ». « La fin de cette collaboration n'a aucun lien avec le travail de Grégory Raymond, dont la qualité des interventions a été saluée, et ne peut être que dommageable à l'antenne de BFM Business», dénoncent le 18 mars les SDJ de BFM Business, BFMTV.com, BFM TV et RMC.

« Une traînée de poudre au sein de la rédaction »

Cette décision a eu l'effet d'une «traînée de poudre au sein de la rédaction de BFM Business», rapporte Alban Azaïs. Le 22 mars, l'intersyndicale (CFDT, CFTC, CGT, SNJ, Unsa, FO) de NextRadioTV proteste contre cette « éviction revancharde et intolérable ». « Quand une direction générale décide de se priver des compétences d'un journaliste et d'intervenir ainsi sur la ligne éditoriale d'une chaîne, c'est l'indépendance de toutes nos rédactions qui est en danger», écrivent les organisations syndicales.

Entre-temps, a eu lieu un CSE au cours duquel Alban Azaïs a interpelé la direction. Réponse ? Le message sera transmis à Arthur Dreyfuss, directeur général d'Altice Médias France, Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV et Hervé Béroud, directeur général délégué d'Altice Média, pour qu'ils donnent leur version. Même si, de toute évidence, la décision a été prise au-dessus d'eux, par Patrick Drahi lui-même.

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