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CULTURE

Denis Gravouil, syndicaliste CGT occupé à l'Odéon

15 avril 2021 | Mise à jour le 15 avril 2021
Par | Photo(s) : Jacopo Landi / AFP
Denis Gravouil, syndicaliste CGT occupé à l'Odéon

Depuis le 4 mars, il dort « principalement » au théâtre de l'Odéon occupé : le syndicaliste CGT Denis Gravouil est « en pleine bataille » pour la réouverture des lieux culturels et contre la réforme de l'assurance-chômage, au « croisement » de deux situations « insupportables ».
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Fort de sa double casquette de secrétaire général de la CGT spectacle et négociateur assurance-chômage pour la centrale, il défend un mouvement mêlant questions « de culture et de joie, et de lutte contre la précarité ».

Comme les autres syndicats, la CGT s'oppose frontalement à la réforme qui doit entrer en vigueur le 1er juillet avec un nouveau mode de calcul des allocations moins favorable aux demandeurs d'emploi qui alternent régulièrement périodes de chômage et d'activité. Selon l'Unédic, 1,15 million d'allocataires devraient être impactés la première année. Mais Denis Gravouil reconnaît que « ça a toujours été très difficile de mobiliser sur l'assurance-chômage », notamment parce que les chômeurs sont souvent dans des situations « vécues comme provisoires », à part chez les intermittents du spectacle qui passent leur « vie à alterner périodes de travail et de chômage ».

Mais « là on a quelque chose qui se passe », observe le quinquagénaire au visage rond et à l'allure juvénile, depuis le théâtre où se relaient « une quarantaine » d'occupants, « essentiellement des gens du spectacle », rejoints par des extra hôteliers, des guides conférenciers… Parti de l'Odéon, où une banderole sur la façade réclame notamment le « retrait de la réforme », le mouvement a fait tache d'huile. Désormais, « une centaine » de salles sont occupées en France, selon Denis Gravouil, qui « ne pensait pas que ces occupations seraient aussi suivies ».

« En général, on se dit qu'une revendication, c'est suffisant dans un mouvement et là il y a quelque chose de l'ordre d'un croisement » entre défense de la culture et lutte contre la précarité, observe le syndicaliste. « Les deux sont insupportables : le manque de lien social à travers la culture entre autres, et la précarité (…) qui va être renforcée si cette réforme de l'assurance-chômage passe », dit-il.

Lumière et « petites nuits »

Depuis début mars, il dort donc à l'Odéon sur un matelas pneumatique, comme les autres occupants. Il assure avoir « l'habitude des tournages et des petites nuits », ayant été chef opérateur dans le cinéma après avoir fait l'école Louis Lumière. Dans les couloirs du théâtre, déjà occupé en mai 68, Lean, musicien, salue « quelqu'un qui a les mains dans le cambouis depuis longtemps » et qui est « assez consensuel, ce qui fait que ça fonctionne bien avec les différentes composantes du mouvement ».

Ses collègues négociateurs sur l'assurance-chômage évoquent pour leur part un homme « courtois » et « charismatique », le représentant du Medef Hubert Mongon saluant aussi un « excellent connaisseur du dispositif d'assurance chômage ». Marylise Léon (CFDT) le décrit comme « très réglo » et « parfois tenace », tandis que Michel Beaugas (FO) évoque « une personne sympathique avec qui on peut travailler, qui connaît bien son sujet, mais qui n'a jamais signé (au nom de son organisation) une convention d'assurance chômage… ».

Pour Jean-François Foucard (CFE-CGC), le syndicaliste « charmant » pense aussi « intermittents du spectacle tout le temps ». Pour eux, l'assurance-chômage est « plus du complément d'activité que du salaire de remplacement », « ça peut obérer un peu sa façon de voir », « c'est sa limite et sa force », dit-il. Sur la réforme de l'assurance-chômage, Denis Gravouil plaide qu'« il faut que le rapport de force s'élève ». Comme les autres centrales, la CGT travaille à des recours juridiques qui devraient être déposés avant la mi-mai, et une mobilisation est au programme le 23 avril, notamment au côté de Solidaires, avec une manifestation parisienne.

En attendant, « il y a quelque chose d'exaltant dans cette bataille alors qu'on est dans une période de marasme pour beaucoup de monde », quelque chose de « joyeux qui redonne du sens à la vie », dit le syndicaliste, tandis qu'aux abords du théâtre, la musique retentit.

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