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CHÔMAGE

La CGT multiplie les bureaux d'embauche pour l'emploi et contre la précarité

6 décembre 2021 | Mise à jour le 6 décembre 2021
Par | Photo(s) : Pierrick Villette
La CGT multiplie les bureaux d'embauche pour l'emploi et contre la précarité

Bureau d'embauche pour les secteurs en manque de personnels tenu par le comité des chômeurs et la CGT avant la manifestation des chômeurs du 4 décembre 2021. Sont présents les Cheminots, La Poste et la Santé.

Le bureau d'embauche du 4 décembre, en amont de la manifestation des travailleurs privés d'emploi et précaires, a permis de détecter près de 500 000 emplois laissés vacants dans trois secteurs. Et d’apporter la preuve que ces carences résultent avant tout de la volonté du patronat, et non de celle des chômeurs.

Près de 3800 emplois à pourvoir immédiatement à la Sncf; 400 000 – rien de moins – dans le secteur de la santé et de l’action sociale et plusieurs centaines de milliers à La Poste et dans les services publics territoriaux en général. Voilà qui devrait rassurer patronat et gouvernement qui ne cessent de dénoncer un supposé entêtement des privés d'emploi à ne pas « traverser la rue » pour en trouver et de déplorer des centaines de milliers d'emplois supposément non-pourvus. Qu’à cela ne tienne pour la CGT!
A rebours de cette vieille litanie sur les chômeurs qui choisiraient de profiter des avantages de leur précarité, la CGT a répondu « chiche! ». A l’occasion de la 19ème manifestation des privés d'emploi et précaires qui a lieu chaque année  le premier samedi de décembre, elle a organisé un bureau d'embauche sur le parvis de l'École militaire (Paris 7ème), en amont de la mobilisation.

10 ans de bureaux d'embauche à l’actif de la CGT Cheminots

Pionniers de ce type d’initiative qu’ils mènent depuis 10 ans sur l’ensemble du territoire, les cheminots CGT sont ont aux avant-postes pour recevoir les candidats à un emploi à la SNCF. Les CV recueillis sont classés en fonction de plusieurs critères (niveau de diplôme, expérience professionnelle, souhaits du candidat) puis triés par métier et par priorité suivant les secteurs et leurs besoins. Enfin, les candidatures sont transmises à la direction pour qu’elles soient incrémentées au processus de recrutement de l’entreprise. « Depuis une dizaine d’années, la SNCF prétend avoir des difficultés à embaucher et nous, on lui répond que la CGT va s’en occuper », explique Cédric Robert, dirigeant de la CGT cheminots.
Après avoir monté un stand à Paris Gare de Lyon qui avait récolté 300 candidatures en un jour, les bureaux d'embauche cheminots CGT ont essaimé sur l’ensemble du territoire et fait des émules dans d’autres secteurs professionnels. « On a démontré que les embauches étaient possibles, mais qu’il fallait aller chercher les candidats là où ils se trouvent; où ils vivent et où ils peuvent postuler ». Dernier succès en date, le cas de Toulouse où la CGT cheminots a obtenu 40 embauches dans le secteur équipement en 2021. « Il faut relancer la direction tous les mois et parfois, mettre la pression comme à Toulouse où il a fallu déclencher un préavis de grève pour être entendus en concrétiser les embauches », relate Dominique Farakala de la direction de la fédération CGT.

Des bureaux de poste aux bureaux d'embauche

Néophytes dans le registre des bureaux d'embauche, les dirigeants de la FATP-CGT inauguraient ce jour la première étape d’une campagne nationale pour l'emploi à La Poste où les vacances de postes et le turn-over atteignent des niveaux inquiétants. « C’est le résultat d’une politique de précarisation généralisée de l'emploi depuis la transformation en SA (2002) », affirme Claude Quinquis (direction de la FATP-CGT). Depuis, l’écart entre agents titulaires de la Poste et contractuels n’a cessé de se creuser, ne laissant subsister que 50 000 fonctionnaires pour 120 000 contractuels (intérimaires, CDD, contrats d’apprentissage, etc). « On défend l’idée qu’un service public sans emplois stables, ce n’est pas compatible car on voit bien que là où il y a un emploi très précaire, les salariés n’y restent pas, ce qui oblige la direction à sans cesse renouveler le processus de recrutement et de formation pour remplacer les vacants« , fait valoir Sylvie Bayle (direction FATP-CGT).
A l’appui de l’expérience des cheminots, la FAPT-CGT souhaite à son tour promouvoir l'embauche, des contrats stables et correctement rémunérés pour mieux combattre la précarité qui tend à s’installer en norme, à la Poste comme partout ailleurs: « la stratégie de l’entreprise, c’est de ne pas fidéliser les usagers qu’elle s’efforce au maximum de transférer vers le tout numérique », déplore Claude Qinquis.

Le secteur de la Santé en urgence-recrutement

Même constat dans le secteur de la santé et de l’action sociale où les besoins en recrutement sont vertigineux: 400 000 emplois à pourvoir dont 100 000 à l’hôpital, 200 000 dans les Ehpad et 100 000 dans l’action sociale. A l’instar de la FAPT-CGT, la CGT de la santé et de l’action sociale a ainsi décidé de s’engager dans la campagne CGT de lutte contre la précarisation de l'emploi et pour la revalorisation de tous les métiers de première nécessité. Des bureaux d'embauche se déploient sur l’ensemble du territoire national et dans les outre-mer pour faciliter les embauches, mais surtout exiger des formations bénéficiant en priorité aux privés d'emploi susceptibles d’intégrer ce secteur professionnel.

Forcer le patronat à recruter

Dans ce droit fil, Pierre Garnodier (CNTPEP-CGT) souligne l’importance des bureaux d'embauche en général et de celui du jour en particulier. D’abord, pour riposter aux allégations du gouvernement et du patronat et démontrer que des millions de privés d'emploi et de précaires ne demandent en réalité qu’à travailler. Ensuite pour saluer le travail des cheminots qui, par la constance de leurs actions en 10 ans, ont prouvé l’utilité et l’efficacité des bureaux d'embauche. Enfin, pour convaincre l’ensemble des organisations de la CGT, tous secteurs confondus, de multiplier à leur tour ce type d’initiative, dans tous les secteurs dits « en tension », afin de forcer patronat et gouvernement à développer une réelle stratégie de l'emploi pour tous. En commençant par recruter dans tous les secteurs en grande carence de personnels: « Les moyens financiers existent, il suffit de réorienter vers les chômeurs les milliards d’euros d’aides publiques accordées sans contreparties aux entreprises » a suggéré Baptiste Talbot de la CGT des services publics territoriaux.