6 janvier 2022 | Mise à jour le 6 janvier 2022
Alors que la convention collective sectorielle dans les industries forestières et papetières de Finlande est désormais remplacée par des conventions d'entreprise, les salariés d'UPM, un des géants du secteur, entrent en grève. Pour 5 semaines.
Les syndicats sectoriels avaient prévenu. Si le papetier finlandais UPM s'entêtait dans sa décision, ce serait la grève. Résultat, depuis le 1er janvier 2022, c'est quelque 2 300 salariés de 12 sites du géant de l'industrie papetière qui sont en grève.
Après plus de 70 ans d'existence, la convention collective régulièrement renouvelée entre les syndicats et la fédération finlandaise des industries papetières et s'appliquant à tout le secteur a en effet pris fin le 31 décembre dernier. À chacun désormais de régler son cadre de travail par entreprise. Du coup, « UPM veut maintenant négocier des conventions séparées pour chaque secteur d'activités ou usine sans se baser sur les accords précédents », dénonce Eeva Eloranta-Jokela, du syndicat local Paperiliito.
Moins disant social
Un forcing vers le plus bas disant social inacceptable pour les employés du groupe. « Des conventions différentes ne feront que diviser les travailleurs et renforcer les inégalités non seulement au sein des usines, mais également avec les salariés des autres entreprises du secteur », prévient la syndicaliste. Laquelle insiste sur le fait que, dans un pays où l'industrie du bois et ses dérivés est importante, « UPM est la seule entreprise à se comporter de la sorte. La grande majorités des salariés du secteur ont pu signer de nouvelles conventions valables à partir du 1er janvier et reprenant les termes des précédentes ».
De quoi motiver les premiers concernés. On le serait à moins. Car ils ont en effet « beaucoup à perdre ». Aux salaires en berne et aux conditions de travail difficiles proposés, « UPM veut également rallonger leur taux horaire annuel de 100 heures », précise Eeva Eloranta-Jokela. Signe que les relations entre syndicat et direction sont de plus en plus tendues, cette grève initialement prévue pour durer 3 semaines était, ce mercredi 5 janvier, prolongée de deux autres semaines, soit « pour 5 semaines ! », assure-t-elle.
Tensions à prévoir sur le marché du papier journal
Une situation qui étonne à peine Patrick Bauret, le secrétaire général de la
Filpac-CGT. Et pour cause. Car UPM, c'était, jusqu'à il n'y a pas si longtemps encore, le
propriétaire de Chapelle Darblay.
« Lorsqu'UPM a décidé de céder Chapelle Darblay [en septembre 2019, ndlr],
c'était un choix politique, pas un choix économique. Parce que du papier, aujourd'hui, il y en a encore besoin et Chapelle était la seule entreprise qui faisait du papier journal 100% recyclé », rappelle le dirigeant syndical français, qui regrette qu'il n'y ait
« plus qu'une seule usine de papier journal aujourd'hui en France ».
À défaut d'avoir des répercussions sur l'emploi en France, faute désormais de présence d'UPM sur notre sol, cette grève finlandaise pourrait donc exacerber les tensions qui règnent sur le marché du papier journal et ont déjà conduit
« certains journaux à réduire leur pagination à cause du manque de papier. » Pas vraiment une bonne nouvelle.