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RETRAITES

Arkema : Le lock-out patronal, déjoué par la CGT

23 mars 2023 | Mise à jour le 26 mars 2023
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Contre la réforme des retraites et son passage aux forceps du 49.3, les salariés d'Arkema France ne baissent pas les bras. A l'occasion de la mobilisation nationale du 23 mars, les douze sites industriels du premier chimiste de France sont massivement en grève. En grève reconductible depuis le 7 mars, les salariés du site de Saint-Auban déjouent un projet de lock-out hasardé par la direction.

Le mouvement social contre la réforme des retraites se durcit dans les usines du premier chimiste de France, Total-Arkema. A Saint-Avold (Moselle), la mobilisation interprofessionnelle du 7 mars a donné lieu à des blocages répétés de la production, qui pèsent lourd sur le chiffre d'affaires. Mais aussi à des convergences de lutte avec les salariés du secteur de l'automobile et de l'alimentaire qui organisent conjointement des manifestations sur les piquets de grève et autres opérations, comme les « péages gratuits », très appréciés par la population locale.

Pas une goutte à la sortie d'usine

En grève depuis le 7 mars et jusqu'au 23 mars à minima, les salariés d'Arkema Saint-Auban (Alpes Maritimes) ont mis la production à l'arrêt total. « Pas une goutte de T 111 ne sort de l'usine », assure Régis Aymes, délégué syndical central d'Arkema Saint-Auban. Or, quand ces gouttes de polymères fluorés ne ruissellent plus depuis le producteur jusqu'aux clients consommateurs, l'ardoise des pertes « peut très vite atteindre 5 à 6 millions d'euros par jour, rien de moins », affirme le syndicaliste. D'où l’intervention de la direction du site qui, confrontée à une reconduction quotidienne de la grève, chaque jour votée par 96 % de ses effectifs depuis le 7 mars et jusqu'au 23 mars à minima, finit par se raidir.

Dérapage

Soucieuse d'honorer son carnet de commandes bien rempli, la direction d'Arkema Saint-Auban a tout tenté pour briser la mobilisation des salariés. En vain. Car les moyens de contourner le droit de grève, par exemple en remplaçant au pied levé des grévistes par des intérimaires, ou en réquisitionnant les salariés non-grévistes ne constituent pas une option viable pour une entreprise classée Seveso de seuil 3 (entreprises dont l'activité est susceptible de provoquer des accidents de grande ampleur, ndlr). « Ce niveau de sûreté exige des formations spécifiques de haut niveau », précise Régis Aymes.

D'où cette idée de la direction de compenser les pertes induites par la grève par une mise en chômage technique des effectifs (220 salariés) du site de Saint-Auban. Mauvaise pioche : « Ce n'était qu'une étape préalable à un lock-out (fermeture provisoire d’une entreprise, décidée par l'employeur pour répondre à un conflit social, le lock-out est généralement utilisé afin de faire pression sur les grévistes, les salariés non grévistes n’étant alors plus rémunérés, ndlr) que le syndicat CGT a déjoué en travaillant tout le week-end précédant la convocation d'un CSE extraordinaire du lundi 20 mars qui, du coup, n'a pas eu lieu», explique Régis Aymes. Il en veut pour preuve un mail du 17 mars adressé à l'Inspection du travail, où La direction d'Arkema reconnaît explicitement que la mise en place de son plan de chômage technique ne fait pas référence à de l'activité partielle, mais à une procédure de lock-out. Or, cette pratique patronale est strictement interdite en France. Sauf dans certaines conditions « de force majeure », comme par exemple, en cas d'impossibilité de fournir du travail à des salariés non-grévistes.

Les 12 sites, en grève le 23 mars

Syndicat ultra-majoritaire sur l'ensemble des 12 sites d'Arkema France et forte de 65 % des voix aux dernières élections professionnelles à Saint-Auban, la CGT Arkema entend bien imposer son propre agenda de lutte contre la réforme des retraites. Et réaliser l'objectif de « rester mobilisé jusqu'au retrait de cette loi, et point barre ! », affirme, lapidaire, Régis Aymes. Avis à la direction nationale d'Arkema France qui, si elle s'obstinait à soutenir cette réforme des retraites rejetée par 70 % des Français, ne fera qu'attiser le feu de la colère de ses 5500 salariés de France. Ceux-là mêmes qui ont généré 812 milliards d'euros de bénéfices en 2022, excusez du peu. A l'appel de la FNIC-CGT, les salariés des 12 sites d'Arkema France sont en grève le 23 mars, à l'occasion de la journée d'action interprofessionnelle et intersyndicale contre la réforme des retraites. Et bien au-delà, si nécessaire.