27 mars 2024 | Mise à jour le 27 mars 2024
Face au manque de considération de la profession, les agentes spécialisées des écoles maternelles (ASEM) de Paris sonnent la fin de la récréation. Plus d'une centaine d'entre elles étaient en grève, le 26 mars.
Les parapluies font bloc sur les pavés détrempés de l'esplanade de la Libération au pied de l'Hôtel de Ville de Paris. En dépit de l'averse attendue, une centaine d'agentes spécialisées des écoles maternelles (ASEM) ont répondu à l'appel du syndicat CGT Affaires Scolaires de Paris pour une journée de grève ce mardi 26 mars. Pour ces femmes qui composent en très grande majorité le rassemblement, c'est la goutte de trop : « Plus les années, passent plus nos conditions de travail se dégradent, le mépris et le manque de considération de collègues enseignants et supérieurs hiérarchiques envers notre profession est monnaie courante ! », dénonce Djeneba, ASEM depuis 10 ans. Tendant une oreille attentive aux propos tenus par sa collègue, Malika abonde : « On nous relègue au rôle de bonnes à tout faire, alors que nous n'avons pas signé pour ça ! » Le syndicat CGT Affaires Scolaires de Paris qui organise la manifestation, dénonce « l'indifférence de l'Hôtel de Ville envers ses employés ». Il exige une revalorisation urgente du métier en rappelant que ce dernier voit depuis plusieurs années ses champs d'intervention s'élargir.
« L'ASEM est le binôme de l'enseignant, pas une personne que l'on met au placard »
« L'assistance auprès de l'enseignant est toujours non reconnue, pas plus que l'animation d'un groupe en classe ou la construction d'ateliers lors des temps d’activités périscolaires ! », martèle Denise Edmond, secrétaire générale de la CGT Affaires Scolaires de Paris et ancienne ASEM. C'est pourquoi la CGT revendique la création d'un cadre d'emplois de catégorie B, avec une grille indiciaire correspondant aux qualifications et aux missions demandées. « Nous avons obtenu des diplômes et passé des concours pour exercer notre métier, ça compte ! », interpelle une gréviste au micro. Concernant les conditions de travail, le syndicat exige à minima une ASEM par classe, l'équivalent tout de même à 25 voire 30 enfants, une réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires et le versement de la prime Ségur. Enfin, le syndicat revendique que « les ASEM soient invitées d'office aux réunions scolaires et périscolaires tout au long de l'année » et la « suppression de l'entretien des locaux tout au long de la journée, sauf celui des classes. ».
Rester à sa place « une qualité » requise ?
Écrit noir sur blanc sur de nombreuses fiches de poste, le métier d'ASEM ne se cantonne pas à l'entretien et au ménage dans les écoles maternelles. Il relève avant toute chose d'un rôle spécifique centré sur l'éducation et le soin des enfants. En ces termes, « l'ASEM contribue à la préparation des activités pédagogiques en collaboration avec l'enseignant, et veille à la sécurité et à l'hygiène des enfants ». Mais là où les instructions divergent c'est bien entendu sur les questions d'hygiène et d'entretien. On peut y lire le « nettoyage des classes et du matériel utilisé par les enfants », mais aussi le « nettoyage des couloirs, du préau, et autres locaux »… ce qui est une toute autre paire de manches. Plus effarant encore, les premiers résultats de recherches sur Google décrivant les attentes liées au poste d'ASEM expliquent que « savoir rester à sa place » est une qualité requise. Pour Karen Verdier, secrétaire du syndicat CGT des Affaires scolaires de Paris, « ce mépris envers notre profession est symptomatique de la dévalorisation générale des métiers du soin et du lien ». Satisfaite de la journée, la jeune femme détaille la suite de la mobilisation : « Le 2 avril prochain, nous devons être reçues par deux élus à la Ville de Paris. On attend vraiment d'eux qu'ils répondent à nos revendications et surtout qu'ils ouvrent un dossier pour améliorer nos conditions de travail. »