À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
HÔPITAL PUBLIC

1500 postes d’internes en moins à la rentrée

22 août 2024 | Mise à jour le 22 août 2024
Par | Photo(s) : Photo : Fred Dufour/AFP
1500 postes d’internes en moins à la rentrée

Photo : Fred Dufour / AFP

Les hôpitaux publics vont devoir tourner avec moins d'étudiants en médecine, rouages essentiels d'un système de soins à bout de souffle. Le gouvernement démissionnaire envisage de recruter des médecins à l'étranger, alors qu’il n’a pas réussi à sécuriser la situation des Padhue.

C'est en quelque sorte la cerise sur le gâteau. Contraints de soigner en mode dégradé de manière quasi habituelle maintenant, les hôpitaux publics vont devoir tourner avec moins d'internes à partir de cet automne. Pour la rentrée 2024-2025, seuls 7 974 postes sont ouverts, contre 9 484 en 2023, soit 1510 postes en moins. Or, ces étudiants en sixième année de médecine, qui exercent à plein temps sous la responsabilité d'un médecin senior, sont devenus les rouages essentiels d'un système hospitalier à bout de souffle. Selon plusieurs sources, ils représentent 40 % des effectifs médicaux. « 80% des ordonnances sont signées par des internes. Ils assurent une majeure partie du soin, constate Bastien Bailleul, président de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-Img). 1500 postes d'internes en moins aujourd'hui, c'est 17% de médecins généralistes en moins dans quatre ans. » En cause, plusieurs réformes des études de médecine ont stressé les carabins qui ont préféré redoubler leur cinquième année pour se donner plus de chances de réussir le concours en sixième année, qui détermine leur choix de spécialité et leur ville. Autrement dit, leur avenir. Les postes proposés pour l'internat ont été diminués en conséquence. Avec des effets différents selon les spécialités. A titre d'exemple, les postes de chirurgie plastique et reconstructrice ont été diminués de moitié ; ceux en ophtalmologie, médecine générale, médecine d'urgence ont aussi diminué ; la chirurgie pédiatrique a été préservée.

59 heures de travail hebdomadaire

Le manque d'internes risque d'entraîner une surcharge de travail sur celles et ceux qui demeurent au chevet des patients et d'enrayer encore un peu plus le fonctionnement des services. « Une cinquantaine d'hôpitaux ont, cette année encore, été contraints soit de fermer leurs urgences une partie de la journée, soit d’en réguler l’accès via le Samu, à Laval, Grenoble, Sarlat… Les effectifs d'urgentistes, d'anesthésistes ont fondu comme neige au soleil, c'est le numérus Macronus », rappelle Eric Tron de Bouchony, coanimateur du collectif médecins au sein de l'Ugict CGT santé. « Déjà, avec plus de 9 000 postes, c'est compliqué, les internes se retrouvent souvent seuls à prendre des décisions. Alors avec un millier en moins… », s'inquiète Lucas Poittevin, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Selon une étude réalisée par l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) en 2023, ces étudiants en médecine travaillaient 59 heures par semaine. 10% des répondants déclaraient même dépasser les 80 heures, en dépit de la mise en demeure de la France en 2013, pour non-respect de la directive européenne fixant à 48 heures hebdomadaires le temps de travail maximal. Dans une pétition lancée le 8 aout dernier qui a reçu plus de 50 000 signatures, des étudiants en sixième année demandent la réouverture de postes. « Trop d'étudiants devront choisir une spécialité par dépit dans laquelle ils seront moins investis, et la qualité de leurs soins en pâtira. Après six ou sept ans d'études acharnés, on ne nous permet pas de choisir notre métier », dénoncent-ils.

Des padhue précarisés

En réponse au malaise, le gouvernement démissionnaire propose de faire venir des médecins de l'étranger. Un pis-aller qui fait s'étrangler d'injustice Eric Tron de Bouchony. « Ce genre d'annonce est complètement irresponsable. Le gouvernement n'a pas réussi à sécuriser la situation des Padhue (Praticiens à diplôme hors Union européenne) qui ont échoué aux épreuves de vérification des connaissances (EVC), ouvertes seulement à 2 700 postulants. Alors qu'ils exercent en France souvent depuis des années, ils se retrouvent plus que jamais invisibilisés et précarisés, à la merci du bon vouloir des directions d'établissements. » Le 27 juin dernier, la CGT Santé et Action sociale, ainsi que l'inter-collectif Padhue, l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) et le Syndicat national des médecins hospitaliers FO lançaient une pétition pour réclamer la régularisation des médecins étrangers et exiger « une position statutaire à la hauteur d'un contrat de travail durable pour tous les Padhue non reçus aux EVC 2023 ».