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JO Paris 2024

Paris 2024 : les salariés du Cojop exploités, la CGT monte au créneau

2 septembre 2024 | Mise à jour le 2 septembre 2024
Par | Photo(s) : Sébastien Ramage
Paris 2024 :  les salariés du Cojop exploités, la CGT monte au créneau

Des salariés du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop) dénoncent le détournement des contrats  au « forfait jours », utilisés pour leur faire faire des horaires à rallonge sans les rémunérer plus. Une quarantaine de salariés a saisi la CGT qui demande le paiement des heures supplémentaires effectuées.

Ce matin du 29 août, une dizaine de militants de la CGT 93 tentent d’arrêter, au moyen d’un tract, les membres de la workforce du village olympique situé dans le quartier Pleyel, à Saint-Denis (93). Avec pour objectif de recenser un maximum de salariés du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, dont les contrats en « forfaits jours » ont servi, plutôt qu’à leur apporter une certaine autonomie- ce pourquoi ils existent-, à leur faire faire des journées à rallonge, sans majorer la rémunération de leurs heures supplémentaires. « Les plannings fixes imposés aux salariés démontrent bien l’absence de souplesse qui aurait pu justifier l’usage de ces contrats en forfait jours.  Ces contrats vont normalement de pair avec la rémunération des heures travaillées, en lien avec les responsabilités et la qualification. Or, ramenés au taux horaire, les salaires moyens des salarié.e.s du Cojop sont très faibles », indique Kamel Brahmi, secrétaire général de l’Union départementale CGT de Seine Saint Denis.

Un numéro vert pour connaitre ses droits

Depuis début août, plusieurs dizaines de salariés se sont fait connaître auprès de la CGT, par le biais des unions locales ou du numéro vert * mis en place par le syndicat. Céline** travaillait à l’accueil des délégations, à l’aéroport de Roissy : « Normalement, nous étions sur un shift, par exemple, de 13h30 à 23h30. Mais quand les avions étaient en retard, nous restions au-delà de ces horaires. La période de repos hebdomadaire, de 35 heures au minimum en théorie, se réduisait souvent à 26, 29 heures. Parfois, je finissais à 23 h 30 et je reprenais à 4 heures du matin le lendemain, ce qui ne respectait pas la période de 11 h minimum entre deux journées de travail », énumère la jeune femme. Même déception pour Olympe¨ qui travaille à l’opérationnel au sein du village olympique : « Dès la fin février et jusqu’à la mi-septembre, les nécessités de service nous ont empêché de prendre nos congés et nos RTT. Il a fallu qu’on se batte pour s’assurer qu’ils seraient payés. Et ce alors qu’on avait des journées à rallonge, aucun droit à la déconnexion- on était appelés aussi sur nos jours de repos ». Les deux salariées, déçues par cette expérience dans laquelle elles avaient fondé beaucoup d’espoirs, font toutes deux part du manque de reconnaissance du COJOP à l’égard des petites mains des JO.

Une quarantaine de cas

La CGT coordonne une quarantaine de personnes dans des situations similaires, au nom desquelles elle a interpellé Tony Estanguet et Etienne Thobois, respectivement président et directeur général du COJOP, pour obtenir une négociation. « D’un côté, Tony Estanguet a demandé à Bernard Thibault, qui fait partie du conseil d’administration de l’organisme, de lui faire remonter les situations qui posaient problèmes afin de les régler au cas par cas. Mais celui-ci leur a répondu qu’il n’était pas représentant de la CGT, et qu’il fallait s’adresser à nous », rapporte Kamel Brahmi. « De l'autre, la direction nous a fait savoir qu’elle ne voulait pas traiter avec nous car nous n’étions pas représentatifs dans l’entreprise », poursuit-il.Au vu du nombre de salariés concernés par le problème, la CGT préconise un une négociation collective et demande la requalification des contrats en « forfait-jours » en contrats classiques. Si le blocage persistait, Kamel Brahmi n’écarte pas la possibilité de saisir le tribunal des Prudhommes afin que la justice statue. « Rien n’exclut une procédure pour travail dissimulé », affirme le syndicaliste. La CGT continue de recenser les cas problématiques et d’informer les salariés sur leurs droits.

 

*numéro vert : 08 01 23 05 26, du lundi au vendredi de 9h/12h et 14/17h, jusqu'au 6 septembre

**le prénom a été modifié à la demande de l'intéressée