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HOMMAGE

Madeleine Riffaud, une vie de résistance

7 novembre 2024 | Mise à jour le 7 novembre 2024
Par | Photo(s) : AP / Sipa
Madeleine Riffaud, une vie de résistance

Madeleine Riffaud, membre de la Résistance clandestine, photographiée à Paris, en 1944.

Madeleine Riffaud nous a quittés hier, elle avait fêté, le 23 août dernier, ses 100 ans. La Vie Ouvrière-Ensemble avait consacré dans son numéro d'octobre un article au troisième tome de la BD Madeleine, Résistante, de Jean-David Morvan et Dominique Bertail. Un récit haletant qui ravive «l'esprit de la Résistance» de celle qui fut grand reporter à la Vie Ouvrière, mais également poétesse. Nous republions pour l'occasion l’article.

Le 23 août dernier, Madeleine Riffaud a fêté ses 100 ans. Cent ans et mille vies, qui sont racontées dans la bande dessinée Madeleine, Résistante, dont le troisième tome, Les Nouilles à la tomate, vient de paraître aux Éditions Dupuis. Car Madeleine Riffaud a toute sa vie trompé la mort : entrée dans la Résistance adolescente, active dans la lutte armée au sein des FTP lors de la libération de Paris, devenue poétesse et grand reporter de guerre, elle a évité les balles, survécu à la maladie, à la torture après qu'elle eut tué un SS. C'est cette vie extraordinaire que le scénariste Jean-David Morvan et le dessinateur Dominique Bertail mettent en forme avec elle, au moyen d'un grand sens du récit. «On met à sa disposition notre savoir-faire pour raconter son histoire, confie Jean-David Morvan. Je trouve ce qui fonctionne dans le récit et, associé à la beauté des dessins de Dominique, c'est le charisme extraordinaire de Madeleine qui s'exprime! Pour nous, c'est très gratifiant.»En filigrane dans cette bande dessinée, on perçoit le lien très fort qui unit le trio. « Madeleine est la marraine de mon fils, ils ont 100 ans d'écart, s'émeut le scénariste. Cette rencontre constitue un beau cadeau de la vie!»

La poésie face à la barbarie

C'est cette confiance qui a permis à Madeleine Riffaud, après s'être tue sur son parcours pendant soixante-dix années, de se confier sur certains épisodes, comme le viol dont elle a été victime et la torture qu'elle a subie au centre de la Gestapo de Paris, et qui constitue la majeure partie du récit du dernier tome publié. «C'était nécessaire d'évoquer la torture afin de montrer les conséquences du combat pour la liberté. Mais Madeleine devait nous faire confiance sur la manière de le raconter, indique-t-il encore. On a essayé de ne pas être répétitif dans la manière de ne pas montrer, et de juger ce qui était acceptable pour le lecteur, pour s'arrêter avant que la lecture ne soit trop dure, sans pour autant édulcorer.» Pour tenir dans les geôles, Madeleine Riffaud – alias « Rainer », son pseudo dans la Résistance – se récite des poèmes, comme Le Pont Mirabeau d'Apollinaire. Les tomes à venir devraient justement narrer sa rencontre avec Paul Éluard et Aragon, sa vie de poétesse, de grand reporter et de journaliste engagée, notamment pour la Vie Ouvrière jusqu'en 1958.

Un idéal communiste et catholique

«Madeleine est empreinte d'un idéal communiste et catholique. Aller voir les opprimés et les soutenir, c'est ce qu'elle a fait toute sa vie en tant que reporter», souligne Jean-David Morvan. Isabelle Rivé, directrice du Centre d'histoire, de la résistance et de la déportation de Lyon qui a consacré à la BD une exposition en 2023, souligne l'importance des récits sur les femmes résistantes et l'engagement exceptionnel de Madeleine Riffaud toute sa vie durant. « Il n'y a, à présent, plus de transmission familiale aux plus jeunes sur la guerre, donc c'est aux institutions, aux médias, aux écoles, de faire vivre cette histoire. La vie de Madeleine Riffaud peut montrer à tous, dès l'adolescence, qu'un individu, même isolé, peut agir face à une situation de violence ou d'injustice. Par les temps qui courent, c'est un lumineux message d'espoir! »