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Le Rassemblement national, un programme xénophobe
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Capture d'écran de la vidéo de l'attaque de militants antifascistes par des néonazis le 16 février 2025 à Paris
Dimanche 16 février, à Paris, lors de la projection du film Z de Costa-Gavras à l'Actit (Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie), une poignée de militants antifascistes a été violemment attaquée par une trentaine de militants d'extrême droite. Nous nous sommes entretenu avec Paul, un membre de la CGT, qui a été blessé à l'arme blanche, puis hospitalisé.
Cette “soirée cinéma antifasciste” (comme annoncé sur les réseaux sociaux) a été mise en place par l'organisation de jeunes socialistes et internationalistes de la diaspora kurde et turque, Young Struggle. Le collectif projetait ce dimanche 16 février le film Z, sorti en 1969 réalisé par Costa-Gavras et traitant de la deuxième vague fasciste en Grèce. Une vidéo ayant fait le tour des réseaux sociaux montre le groupe de néo-nazis s'enfuir dans la rue en criant « Paris est nazi, Lyon est nazi aussi ».
Peu après le début de la projection, un commando de militants d'extrême droite armés de battes et tessons de bouteilles s’est introduit dans la cour de l'Actit au sein du Xème arrondissement de Paris, rue Hauteville. Dans seconde une vidéo prise par la voisine du dessus, on y voit Paul, un postier de 30 ans membre de la Fapt (Fédération des activités postales et télécoms de la CGT) et du collectif Young Struggle, se faire rouer de coups puis blessé à l'arme blanche. Paul est revenu sur ce moment et sur l'importance du syndicalisme dans la lutte contre le fascisme.
Que s'est-il passé dimanche 16 février ?
On était sept réunis dans le local de l'Actit pour regarder Z de Costa-Gavras. À un moment, on a entendu du bruit dans la rue, et comme on est des socialistes, on a voulu faire preuve de solidarité et descendre voir ce qu'il se passait. Puis on est tombé sur trente bonhommes cagoulés ou avec des casques de motos. J'ai tenté de refermer la porte du bas, pendant que mon collègue est remonté fermer la porte du local pour mettre tout le monde en sécurité. Malheureusement, ils ont réussi à entrer dans la cour de l'immeuble. Je me suis pris un coup de casque au visage, je suis tombé par terre et la suite tout le monde l'a vue.
Vous vous attendiez à cette attaque ?
Non pas du tout. La semaine dernière une commémoration de la mort de Robert Brasillach (ndlr : homme de lettre d'extrême droite) avait été empêchée par d’autres organisations antifas, alors en projetant Z une semaine après, on a peut-être été un peu naïf . Cette attaque visait évidemment les antifas, mais il y a aussi un motif raciste car nous étions avec une association de travailleurs immigrés et organisés politiquement. Ça fait bientôt sept ans que je suis à la CGT et presque deux ans à Young Struggle et je n'ai jamais subi d'attaque aussi violente et ciblée que ça.
Que penses-tu de la réponse du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, qui a également critiqué “l'ultra-gauche” ?
Ça m'a fait un peu bizarre qu'on parle de moi à l'Assemblée nationale ! La réponse est doublement honteuse car il renvoie dos à dos l'extrême droite et l’extrême gauche. Il y a une différence profonde entre les deux mouvements, que ce soit sur les points de vue de la société ou sur nos actions. L’extrême gauche n'attaque pas à 30 contre un, ce n'est pas notre façon de faire de la politique, en tout cas à Young Struggle. Puis Bruno Retailleau en a profité pour parler de la dissolution de la Jeune Garde (ndlr : organisation antifasciste) avec qui on s'entend très bien. C'est dégueulasse de parler de nous pour attaquer les autres.
Quelle est la responsabilité des dirigeants politiques dans la recrudescence des violences de l'extrême-droite ?
Cela fait depuis avant la dissolution de l'Assemblée nationale que certains membres du gouvernement reprennent les thématiques de l'extrême droite. Et même d'avoir Bruno Retailleau en ministre de l'Intérieur qui vient de la droite dure, ça légitime de plus en plus l'extrême droite. Elle se sent dynamique et puissante et on le voit dans les résultats des urnes. Elle est complètement décomplexée.
Quel rôle peut jouer la CGT dans le combat contre le fascisme et le racisme, selon toi ?
Participer à un syndicalisme sérieux et conséquent, c'est déjà de l'antifascisme. Les gens ne vont pas devenir antifa par miracle. C'est aussi aux militants syndicaux et politiques de montrer que c'est dans l’intérêt des travailleurs de s'opposer au fascisme. Leur camp politique naturel et qui les défend c'est la CGT et les partis de gauche au sens large, sûrement pas le RN ou les groupes fascistes.
Serge Mas, le secrétaire de mon syndicat départemental décédé récemment insistait toujours pour que je m'engage en politique au-delà du syndicalisme.
Est-ce que cette attaque t'a affecté toi, mentalement, ou même dans ton militantisme ?
Mentalement ça va bien, je dors bien ! Et du point de vue de mon militantisme, il n’a jamais été envisageable que j'arrête. Ça m’a même motivé à encore plus me mobiliser aux côtés de Young Struggle. J’espère qu’après la mobilisation de samedi tout se calmera un peu, et que ça continuera d'aller bien.
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