23 mars 2014 | Mise à jour le 13 février 2017
C'est un documentaire hautement improbable, comme l'est son sujet, la quête d'une terre perdue dans le Chaco paraguayen. Un film « géopolitique » qui n'a rien d'un cours ennuyeux, mais s'apparenterait plutôt à un western – heureusement sans les coups de feu -.
Daniele Incalcaterra, son réalisateur, part à la recherche d'une parcelle dont il a hérité avec son frère.Cinq milles hectares de cette région aride et hostile, achetée plusieurs décennies auparavant par leur père. Un espace inhospitalier à l'origine d'une rupture entre les deux hommes, le père l'ayant acquise avec la bénédiction du régime dictatorial d'Alfredo Stroessner, aux antipodes des convictions du cinéaste.
Surnommé « El impenetrable », titre du film, le Chaco est une zone immense envahie d'épineux et de cactus, très sèche, peuplée d'oiseaux et d'insectes avec de rares points d'eau boueux. Elle est aussi en partie une des rares terres vierges où survivent des indiens Guaranis qui souhaitent conserver autant qu'il est possible leur mode de vie ancestral.
Et comme toutes les terres vierges, et notamment celles des peuples indigènes, elle est victime d'une spéculation mondiale, d'une déforestation massive et attire la convoitise de l'agro-alimentaire et des compagnies pétrolières.
Au cœur de cet échiquier, Daniele Incalcaterra, filmé par sa compagne et co-réalisatrice Fausta Quattrini, apparaît comme un bien modeste pion, à la fois un peu encombré par cet héritage et désireux d'en prendre possession pour en faire quelque chose de plus conforme à ses idéaux .Accompagné d'un ami ornithologue, le réalisateur nous entraîne dans un road movie à la reconquête du cadeau empoisonné légué par son père…
Laissée en friche depuis son achat, cette terre est enclavée dans la gigantesque propriété de Tranquilo Favero, plus gros producteur de soja transgénique du pays, et parvenir à y accéder est un véritable parcours du combattant.
Arrivé sur place, Daniele n'est pas au bout de ses peines, découvrant les chemins sinueux de la propriété foncière locale.
Mais une idée a germé dans son esprit : rendre ces terres aux Guarani-Nandevas, peuple autochtone en créant avec une ONG la réserve d'Arcadia. Sans en avoir l'air, ce film touche à tous les aspects d'une vaste problématique. On y pose la question de la défense de l'environnement et de la biodiversité, du respect des droits des peuples premiers, de la mondialisation et de la gestion politique de ces problèmes.
Réalisé par Daniele Incalcaterra et Fausta Quattrini. 1h 32.
Dates des avant-premières et projections sur le site du film