L'hôpital malade

Thomas Lilti

Nous y suivons le jeune Benjamin (Vincent Lacoste), qui vient prendre son premier poste d'interne. Dédale de couloirs « de service » sordides où circulent les convois de tout ce dont une telle structure peut avoir besoin : fournitures, déchets, aliments, etc. : les entrailles de l'hôpital.

A son arrivée dans le service que dirige son père, le professeur Barois (Jacques Gamblin), Benjamin est un peu paumé, car dans cette ruche, personne n'a vraiment le temps de s'occuper de l'arrivant.

On colle dans les mains de Benjamin quelques dossiers et il est chargé de dix-huit patients repartis sur dix chambres.

Au cours d'un acte qu'il peine à réaliser, Benjamin fait la connaissance d'Abdel (excellent Reda Kateb), son co-interne. En fait un médecin algérien qui doit refaire tout le parcours d'internat pour espérer obtenir l'équivalence à son diplôme qui lui permettra d'exercer en France…

Condescendant, celui-ci montre à Benjamin que son geste médical n'est pas parfait.

Face à ce collègue expérimenté, mais au statut précaire, Benjamin, déjà peu sûr de lui, se sent être le « bleu » du service, mais s’efforce de prendre le parti de la camaraderie.

Le cas sérieux d'un patient sans abri et alcoolique va confronter Benjamin à des responsabilités qu'il est peu préparé à affronter, tandis qu'Abdel se bat pour permettre à une vieille dame condamnée de partir dignement et sans souffrance.

Mais l'hôpital craque de toutes parts, étranglé par une gestion uniquement comptable. Equipements défectueux, locaux insuffisants et vétustes, personnel en sous-effectif chronique et donc surchargé de travail, ici, on gère l'ingérable, au détriment des patients comme des soignants. Alternant moments de comédie et scènes poignantes, « Hippocrate » met le doigt avec justesse et humanité sur de graves questions de société.

Réalisé par Thomas Lilti. 1h 42.