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Pris dans la toile

15 janvier 2015 | Mise à jour le 4 avril 2017
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Pris dans la toile

Les vols de toiles de maître dans les musées font toujours d'excellents récits. L'histoire vraie de Patrick Vianaleix, romancée par Sylvie Matton dans L’homme à la bulle de savon » ne fait pas exception, même si elle est peu banale.

En 1999, ce jeune homme angoissé au passé familial difficile, opère ce qui est pour lui plus un « rapt » qu'un vol. Profitant de l'agitation due à la fête nationale, il dérobe au musée de Draguignan, le soir du 13 juillet pendant qu'on tire le feu d'artifice, « L'enfant à la bulle de savon », toile attribuée à Rembrandt (mais qui pourrait aussi être l'œuvre d'un de ses nombreux élèves ou d'un de ses admirateurs français, une nouvelle expertise est en cours).

Lorsqu'à l'âge de treize ans, il visite avec sa mère, elle-même peintre amateur- le musée municipal qui renferme la toile, Patrick est très fortement frappé par cette toile où il voit une sorte de double de lui-même. «C'était comme un miroir. Il n'est pas heureux, le gamin à la bulle de savon. » se dit-il.

Il reviendra voir cette petite toile –une « vanité », où la bulle de savon dans la main de l'enfant représente la fragilité de la vie- à chaque fois que ses relations avec un père psychorigide et brutal guideront ses pas vers le musée, se documentera sur Rembrandt et l'histoire de ce tableau saisi lors de la Révolution française.

Devenu technicien spécialiste des alarmes, il décide de passer à l'acte, poussé par une pulsion impérieuse et « enlève » le tableau qu'il dissimulera pendant quinze ans dans les divers domiciles qu'il occupera, sans que ses proches se doutent jamais du possible trésor enveloppé dans une housse…

On ne s'étonnera pas que la romancière et actrice Sylvie Matton ait choisi de raconter ce curieux rapport entre un homme et une toile attribuée au maître néerlandais.

Veuve du peintre Charles Matton, elle co-écrivit avec lui le scénario du splendide, poignant et très sombre « Rembrandt » (vidéo ci-dessous) film sorti sur les écrans quelques mois après le vol du tableau.

 

Son roman nous fait entrer dans la tête de Patrick, nous conte le rapport intime entre l'homme et la toile mais aussi la manière dont cet encombrant paquet va empoisonner sa vie alors qu'il évolue. Elle évoque avec finesse l'empathie entre cet homme souffrant et les deuils successifs du peintre de Leyde dont Van Gogh écrivit qu'« il faut être mort plusieurs fois pour peindre ainsi. », mais nous laisse découvrir par ailleurs la fin de l'histoire vraie de la rocambolesque restitution du tableau.

 

Lire l’article du Monde 


« L'homme à la bulle de savon »,

de Sylvie Matton.

Editions Don Quichotte

252 p., 17,90 €.