Voix singulière

Jérémie Bossone, c'est d'abord une voix bien singulière, à la limite féminine et extrêmement puissante. Dans son premier opus, Gloires, il nous la livre sur toutes les gammes. La voilà cristalline dans une reprise, plus que réussie, de Göttingen de Barbara, plus profonde dans un superbe lied allemand (Der Leiermann, de Müller et Schubert). Elle sait se faire mélodieuse, claire puis bien plus grave pour épouser des accents très rock dans un même morceau.

C'est le cas dans «La tombe» qui décline «la ronde des humains», à partir de l'épitaphe d'une stèle où l'inconnu qui repose pourrait avoir été «un jacobin sous la Révolution ou le bourgeois sublime, un ouvrier chez Peugeot ou un héros sous Charlemagne». Dans Galway, elle prend des allures folk pour nous prévenir du voyage prochain «quand les canons chanteront plus fort que les poèmes».

Mais l'artiste qui signe les textes – fort bien écrits – comme la musique est plus qu'une voix, c'est un mélange étonnant entre chanson française de qualité et rock enragé. Un sacré talent donc, déjà salué par la profession, ayant raflé plusieurs prix (Adami, Sacem…). Pour nous dire «Les gloires», les morceaux évoquent la fêlure d'un chanteur raté qui se noie dans le whisky (Scarlett), le doute ou le manque d'inspiration (Rien à dire) ou l'éphémère de la vie (Décomplexe). En introduction du livret, Jérémie Bossone explique le titre de son album : «(…) Et que faire en cette heure mercantile, sinon battre le rappel du feu ? Renouons avec ses flammes. Retrouvons le goût de l'aventure. Tentons la gloire !» On la lui souhaite éclatante.

«Gloires» de Jérémie Bossone.
La Route productions,
15,99 euros

En tournée jusqu'à fin septembre, voir les dates sur larouteproductions.com