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CINÉMA

Lumière pour de vrai

2 juin 2015 | Mise à jour le 8 mars 2017
Par | Photo(s) : Hevadis Films
Lumière pour de vrai

La frontière entre réel et imaginaire fluctue avec l'âge. Dans Pour de vrai, pour de faux », Laurent Chevallier filme l'initiation au cinéma d'enfants d'un centre de loisirs en Seine-Saint-Denis.

Aïssam, Thomas, Daniel, Mohamed, Pablo ou Jeremy se retrouvent chaque mercredi au centre de loisirs Garibaldi à Montreuil, où une initiative originale leur est proposée : découvrir, de l'intérieur, le monde du cinéma. Mais avant de parvenir à initier ces gamins de 8/10 ans à ce qu'est un film et à un minimum d'histoire du 9e art, il faut d'abord canaliser leur trop plein d'énergie.

La chose n'est pas aisée, et il faut des trésors de patience, d'humour, de débrouillardise et d'autorité à Amadou et Julien – les animateurs – pour parvenir ne serait-ce qu'à capter leur attention.

Devant la caméra – discrète – de Laurent Chevallier, les enfants vont entendre pour la première fois parler des frères Lumière, dont ils pensent d'abord que Lumière n'est pas leur nom et se demandent s'ils sont frères «pour de vrai». À Montreuil, pourtant ville de Méliès, hautement cinéphile, véritable nid de professionnels du cinéma hier comme aujourd'hui, ces mômes de toutes origines et de tous milieux semblent tout ignorer du patrimoine qui les entoure.

Devant l'ampleur du travail à accomplir pour combler ce manque, l'équipe du centre de loisirs fait appel à certains de ces professionnels afin qu'ils parlent de leurs métiers respectifs.

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Le groupe, d'abord mixte, va se scinder : les filles, minoritaires, ont, semble-t-il, préféré d'autres activités que celles de ces garçons remuants et parfois brutaux ! On retrouve donc les garçons et leurs animateurs face à un scénariste, à des spécialistes des effets spéciaux qui vont leur montrer comment on simule une scène de tir avec arme à feu «car on ne tue jamais les acteurs»…
Plus difficile encore, l'explication, nécessairement plus abstraite, de ce qu'est un scénario «qu'on met ensuite dans la caméra», explique un des gosses en un joli raccourci enfantin.

Et lorsque le déclic se fait et que la petite bande est captivée, on passe au niveau supérieur, la mise en pratique de ce qu'ils ont découvert : faire un film, avec une histoire, des comédiens, des techniciens, des costumes – une scène particulièrement drôle de barbouillage sur pantalons –, du maquillage, de l'interprétation et un tournage.

Se dessine alors un film dans le film, conte animalier mettant en scène un «super félin» captif (joué par deux comédiens) et un groupe de louveteaux (les enfants) et des gardes à cheval (Amadou et Julien, très doués pour le dada !) dont il entreprend de préserver la liberté, tout comme les adultes qui les entourent essaient d'encourager leur imagination créatrice.

Tout n'ira pas sans heurts, notamment avec un garçonnet très agité qui devra être recadré, mais la fine équipe des «petits loups de Garibaldi» va réussir, au cœur des célèbres «murs à pêches», à faire aboutir ce projet.

Le documentaire est à l'image des enfants : plein de vie et d'énergie, mais on y lit aussi, en filigrane, la sociologie d'une ville riche de son mélange où les inégalités affleurent dès l'enfance. Et ce n'est pas là le moindre mérite de « Pour de vrai, pour de faux », qui montre qu'avec des moyens modestes, mais une équipe «pédagogique» soudée, ces clivages sociaux peuvent déboucher sur du «créer ensemble».

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« Pour de vrai, pour de faux ».

Réalisé par Laurent Chevallier.

1h10