La violence du chômage

«Ce matin, nouvel entretien. Le cérémonial est réglé comme du papier à musique: réveil qui sonne à déplumer un coq, costume « avantageux des grands jours » repassé qui gît en dessous de mon caleçon fétiche, le tout soigneusement préparé sur la chaise près du lit.» Franck n'a pas de travail, même s’il a fait tous les métiers… On le suivra dans ses pérégrinations: les entretiens d'embauche où toutes les questions, même les plus intimes, sont permises comme les «speed dating» (méthode de rencontres en série, créée dans les années 1990 aux États-Unis).

«Pour parler de ce personnage, dérisoire et sublime, noyé au milieu des flux humains, j'ai pris le stylo, interrogé des personnes, mené ma petite enquête, écouté les conversations mitoyennes aux terrasses des cafés, lu des analyses, des livres, des journaux», explique Charles-Eric Petit, qui a écrit Le(s) Visage(s) de Franck, jouée dans le Off d’Avignon *. «Je me suis surtout attaché à saisir les conduites par des mots pour en créer une partition; comme l'ouvreur de l'opéra qui collerait son oreille à la porte d'une loge, j'ai tenté d'écouter le concert de notre société.»
Pour éclairer et faire résonner ce dernier, des débats sont organisés à l’issue des représentations, notamment le 5 juillet, avec le réalisateur Pierre Carles et le 6, avec la psychologue du travail Marie Pezé, qui a créé en 1997 la première consultation « Souffrance et travail » à l’hôpital de Nanterre.

* « Le(s) Visage(s) de Franck », de Charles-Eric Petit, du 5 au 7 juillet à 22 heures à l'Entrepôt.

Et du 4 au 26 juillet à 17h40 au Théâtre de l'Observance

VOIR un extrait de la pièce en vidéo