Simon Delétang, planches de salut
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Il manque des bancs ce midi-là au jardin Ceccano d'Avignon, le public est venu en nombre pour écouter jeunes comédiens et Avignonnais déclamer La République de Platon. Celle qu'a composé le philosophe et dramaturge Alain Badiou à partir des dialogues du grand penseur grec. Partant de son texte publié il y a une dizaine d'années, Badiou l'a réécrit en 24 chapitres pour le 69e festival d'Avignon.
Dans un dialogue de la jeunesse avec Platon, sont abordés les thèmes de la justice, du pouvoir et de la démocratie. Pour en faire un rendez-vous populaire chaque midi durant tout le festival, les metteurs en scène Valérie Dréville, Didier Galas, Grégoire Ingold, des élèves comédiens de Cannes et des Avignonnais, se sont emparés du texte, au fil de l'année, pour mieux en incarner les personnages.
Il en ressort une sorte de feuilleton philosophique, où Platon est revisité au fil des évolutions et réflexions qui ont jalonné l'histoire de la pensée depuis 2 500 ans. Et c'est passionnant. Comment faire société ? Quelle division du travail mettre en place ? Peut-on se contenter d'un agriculteur, d'un cordonnier, d'un maçon et d'un tailleur ? Il faudra bien vite des forgerons, des marins, des armateurs pour étendre la communauté… « Hé, Amanda, tu dors ? », lance une des lectrices. Rires dans l'assemblée. Reprenons le fil de la pensée que nous livrent ces citoyens comédiens.
Il faudra aussi sûrement, pour développer la société, créer toutes sortes d'intermédiaires ; au-delà des marchands traditionnels, disposer de négociants qui prennent des risques sur les marchés internationaux… Sans oublier de revenir au thème central de la justice et de l'injustice… « Examinons le problème sans nous décourager ». Rires de nouveau dans l'assemblée. Il va falloir également des soldats pour mordre sur le territoire du voisin. Mais ne pas omettre d'allier férocité et courtoisie… Avoir un bon chien de garde qui montre les dents aux forts en même temps qu'il déploie tendresse et amitié envers les faibles. « Quel programme ! Il faut le dire et le redire : quel programme ! »
Après un peu plus d'une demi-heure de réflexions tous azimuts partant de plusieurs voix, on repart enchanté d'avoir fait marcher un peu nos méninges, assis sous les platanes. Parce que, comme tout citoyen, on le vaut bien.
La République de Platon, d'Alain Badiou, au jardin Ceccano d'Avignon, tous les jours à 12 heures. Accès libre.
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