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CINÉMA

La loi du marché

9 octobre 2015 | Mise à jour le 1 mars 2017
Par | Photo(s) : Nord-Ouest Films - Arte France Cinéma
La loi du marché

L'excellent film de Stéphane Brizé a valu à son interprète, Vincent Lindon, le prix d'interprétation masculine à Cannes, ô combien mérité. La sortie en DVD l'enrichit de compléments tout aussi indispensables.

Très ému lors de la remise de ce qui fut sa première récompense (mais où les jurys des précédents festivals de cinéma avaient-ils la tête ?) Vincent Lindon remercie avec chaleur toute l'équipe qui a présidé à l'existence de La loi du marché.

Ce bonus festif s'accompagne d'autres compléments plus cinéphiliques, comme un entretien avec Stéphane Brizé et son commentaire de scènes du film, très éclairants sur sa démarche, sa « fabrique du réel » qui place son cinéma entre fiction et documentaire.

LE FAUX COUPABLE

Mais le propos le plus passionnant et le plus fort de ces bonus est sans conteste celui de la psychanalyste Claude Halmos, qui se livre à une lecture très politique du film de Stéphane Brizé.

Si elle rappelle que l'être privé et l'être social sont indissociables pour qu'un humain marche sur ses deux pieds, c'est pour préciser que lorsqu'on ampute un humain de son être social – en l'occurrence son travail –, il est « comme hémiplégique ».

Cette souffrance violente, cette destruction psychologique agissent à la fois sur la personne, mais aussi sur son entourage et sur les générations à venir. Un homme ou une femme privée de son travail n'est plus « un point d'appui » pour ses proches, et intériorise souvent cette privation, en se culpabilisant alors que « c'est le système qui est coupable, pas eux », précise la psychanalyste.

La personne n'aspire alors qu'à « retrouver une place à parts égales avec les autres dans la société », car, poursuit-elle, « en perdant son travail, elle a perdu son identité sociale et même son métier […]. »

En effet, on range alors un boulanger dans la catégorie « chômeur » alors qu'il est « boulanger au chômage ». […] « L'atteinte narcissique est très profonde dans une société ou il n'y a personne qui veut donner un salaire pour payer ses compétences. »

RÉHABILITER LE COLLECTIF

Sur la seconde partie du film, où le personnage de François (incarné par Vincent Lindon) est confronté à la logique managériale d'un hypermarché qui veut « dégraisser » ses effectifs et qui emploie tous les moyens pour cela, Claude Halmos insiste sur le fait que la maltraitance, aujourd’hui, n'est plus l’affaire d'individus isolés, mais bien « un mode de management ».

Et lorsque François fait un choix individuel qui respecte ses valeurs, sa conscience et sa dignité d'homme, la psychanalyste indique que cette démarche démontre la solitude des salariés : « C'est un suicide social pour ne pas être un collabo. »

Certes, François « sauve son estime de lui-même », mais ça n'est pas la solution, car un autre prendra sa place », qui se pliera à ce que François a refusé. « La solution face à la crise, c'est le collectif. On ne peut pas s'en sortir seul et il faut absolument réhabiliter le collectif. »

 

La loi du marché, Diaphana vidéo. 19,99 € (également en VOD et BRD).

Sortie simultanée du coffret 3 films de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon : Mademoiselle Chambon/Quelques heures de printemps/La loi du marché (Diaphana. 29,99 €).