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Entre l'arbre et l'écorce
26 mars 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Par
Dee Brooks
| Photo(s) : DR
Depuis quatre générations, la famille d'Aurel est dans les planches… Mais, à la menuiserie familiale, Aurel a préféré les planches de BD et la petite entreprise ardéchoise se trouve donc sans repreneur…
Tenon et mortaise, dégauchisseuse, raboteuse, Aurélien, plus connu sous son pseudonyme d'Aurel, est né dans les copeaux de la menuiserie où il aurait pu succéder à ses grand-père et père. Si son choix professionnel – le dessin de presse et la BD – l'ont éloigné au quotidien de cette réalité, les liens avec sa famille restée en Ardèche demeurent solides, comme en témoigne « La menuiserie. Chronique d'une fermeture annoncée » qu'il signe en solo. Or, la menuiserie artisanale où « le maître mot est l'excellence dans la réalisation » a façonné la vie de sa famille, mais aussi celle des ouvriers qui y ont été employés.
Chapitre par chapitre, Aurel a donné la parole à chacun – patron, ouvriers, clients et commerçants – et été puiser dans leurs souvenirs et leurs vécus divers, brossant le tableau d'un monde qui n'est pas épargné par les mutations sociologiques.
On y voit de l'intérieur le fonctionnement d'une très petite entreprise, la pénibilité du travail, la difficulté de trouver des jeunes pour s'y investir, dans une région rude et enclavée où les alternatives sont rares, mais où les effets de la mondialisation ne sont pas absents.
À l'heure où le père d'Aurel prend sa retraite, se pose en effet la question de la pérennité de la menuiserie, sans repreneur dans la famille. Il est envisagé une SCOP, mais avec quels participants ? Certains ouvriers qui en avaient les compétences ont préféré aller s'établir à leur compte, tandis que d'autres ne semblent pas suffisamment motivés ou préfèrent la ville…
Pendant que le très concurrentiel marché des « menuiseries PVC et alu » grignote le marché et que le tourisme capte les investissements, reste-t-il une place pour une menuiserie plutôt haut de gamme ?
Entre mémoire intime et chronique sociologico-politico-économique, Aurel réussit un bel album au plus près de celles et ceux qui ont été la cheville ouvrière de la menuiserie, replacée dans le contexte plus vaste d'un monde globalisé.
La menuiserie, scénario et dessin Aurel.
Éditions Futuropolis.
136 p, 19,90 €.
