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PEINTURE

Dans le rétro de Philippe Lagautrière

24 avril 2016 | Mise à jour le 15 février 2017
Par | Photo(s) : DR
Dans le rétro de Philippe Lagautrière

La galerie Corinne Bonnet à Paris consacre une rétrospective au peintre et dessinateur Philippe Lagautrière, du 27 avril au 24 mai. Rencontre avec l'artiste et retour sur ses 30 ans de carrière.

Vous commencez à peindre au début des années 1980 avec la particularité de travailler à partir de tampons. Pourquoi ?

Disons que mon « style » est apparu avec ces fameux tampons d'enfance. Je cherchais ma marque de fabrique et je suis retombé sur une boîte de tampons, « les animaux de la ferme », qu'on m'avait offerts à 6 ans. Depuis, j'ai l'impression d'avoir toujours 6 ans !

J'ai commencé à chercher tout ce que l'on pouvait faire avec des tampons, sachant que d'autres avaient déjà exploré cette piste. J'ai accumulé des milliers de tampons en ces plus de trente années de récoltes aux quatre coins du monde : c'est une banque de données considérable, un vocabulaire presque infini dans lequel je vais puiser des signes que j'accole les uns aux autres pour « raconter » des histoires.

À chaque sujet abordé, l'image coule de source…

Vous évoquez dans votre biographie le mouvement « Graphzines », quèsaco ?

Début des années 1980, nous étions une famille d'images en ébullition. Comme on ne voulait pas publier nos images détonantes, nous avons créé nos propres publications, qu'un journaliste a nommé « Graphzines », compression de « fanzine » et « graphique ».

C'était généralement fabriqué avec les moyens du bord, photocopies ou sérigraphies. Internet nous a fait ensuite passer à autre chose…

Vous faites aussi référence à la « période bouillonnante » du groupe « Néo Plus » dans les années 86-87. Qui en faisait partie ?

C'était l'époque où il y avait des groupes de peintres/graphistes, genre les Ripoulins, Bazooka, Elles sont de sortie, Placid & Muzo, VLP, la Trans-avant garde, la Figuration Libre…

Avec Philippe Gerbaud et Toffe, on voulait créer un groupe dont le nom ne signifiait rien, un pied de nez. Ce qui ne nous a pas empêchés de faire plusieurs expos en tant que « groupe » à Berlin Est, Nice, Budapest, Lisbonne… On était les vilains petits canards de l'art. En France, on ne jurait que par la Figuration Libre, à l'époque.

 
Vous travaillez alors pour des magazines et des journaux tels « Libération ». Et aujourd'hui ?

Les journaux et les magazines utilisent maintenant plutôt la photo, signe de crise. À part certains journaux axés uniquement autour du dessin satirique, c'est râpé ! Il y a belle lurette qu'on ne me demande plus d'illustrations. Ensuite, j'ai fait quelques livres pour enfants. J'aime bien.

 
Vous avez aussi travaillé sur l'aménagement des entrées de nouveaux immeubles à Mantes-la-Jolie en 2011. Vos œuvres y sont toujours ?

Je crois. C'était intéressant de voir la réaction des habitants – au début, il y avait un mélange de déroute face aux images et de joie de voir de la « pétillance » sur leurs murs –, mais je n'y suis pas retourné, il y a des codes partout !

 
Depuis quand avez-vous un atelier à la Ruche, une cité d'artistes dans le 15e arrondissement ?

J'attaque ma 23e année dans cet atelier ! Très petit en surface, mais assez « chargé », Chagall y a vécu trois années. J'ai d'ailleurs réalisé un portfolio sérigraphié à l'occasion du centenaire de la Ruche (encadré). J'y racontais l'histoire de cette cité d'artistes, à ma manière.

 

Quelques-unes de vos toiles abordent des sujets politiques : « Les résignés », « Femmes en lutte », « Ceux d'en haut, ceux d'en bas ? »… C'est un moteur ?

Bien sûr ! L'artiste a un rôle, il est théoriquement là pour apporter un peu de lumière. Même si je devais peindre un bouquet de fleurs, je ne pourrais pas m'empêcher d'y mettre des abeilles mortes au pied du vase pour signifier cette honte que sont les pesticides !

 

Combien d'œuvres seront exposées pour cette rétrospective à la galerie Corinne Bonnet à partir du 27 avril ?

Je n'ai pas voulu appeler cette exposition « rétrospective » mais « rétroviseur », ce sera comme un coup d'œil sur ce qu'il y a derrière en tant que production. Il y aura un bon paquet de toiles, dessins, gravures, peut-être même posées au sol. Je suis en train de choisir tout ça.

 

 

Philippe Lagautrière – Rétroviseur : 1986 – 2016. Du 27 avril au 24 mai à la galerie Corinne Bonnet – Cité artisanale – 63 rue Daguerre, Paris 14e. Tél. : 01 43 20 56 06.