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L'Outsider, troisième film de Christophe Barratier, retrace l'affaire Kerviel. Plongée passionnante dans le milieu de la finance et retour sur un homme qui voulait réussir.
Huit ans de saga judiciaire et un vrai thriller financier. La bataille qui oppose la Société générale à l'ancien trader Jérôme Kerviel, à qui elle réclamait près de 5 milliards d'euros de préjudice, dure depuis 2008. Elle n'est pas finie : vendredi 17 juin, à peine une semaine avant la sortie du film sur les écrans, la banque au carré rouge et noir essuyait plus qu'une défaite symbolique : le parquet a déclaré (pour la deuxième fois) qu'elle n’avait pas droit aux dommages-intérêts faramineux qui lui avaient été initialement octroyés.
Ce qui pose la question au cœur du récit de L'Outsider (librement inspiré du livre de Jérôme Kerviel « L'engrenage, mémoires d'un trader ») : à qui la faute de la catastrophe ? Jusqu'à quel point la banque a-t-elle fermé les yeux en laissant un de ses meilleurs traders miser trop avant dans l'espoir de faire toujours plus de bénéfices ? Jusqu'où Jérôme Kerviel a-t-il menti à sa hiérarchie pour couvrir ses pertes dans l'espoir de se refaire ? Et donc, à qui la faute de la plus grande catastrophe financière du siècle dans l'Hexagone ?
Plusieurs films ont pris à bras le corps ce milieu particulier de la finance depuis la crise de 2008. On pense au Loup de Wall Street et à Margin Call, entre autres. À l'inverse de ces films, la dimension bling-bling et d'excès indécents est présente, mais ne constitue pas le cœur du scénario de Christophe Barratier.
Grâce à un montage alterné entre les auditions des intervenants de l'affaire par une commission d'enquête et le parcours – stressant mais joyeux – d'un jeune Breton diplômé en finances et embauché en bas de l'échelle vers le graal de la sacro-sainte salle de marché, le scénario déroule adroitement son fil entre tension dramatique et réalité implacable.
Le jeu d'Arthur Dupont et de François-Xavier Demaison en duo d'apprenti appliqué et manager dépassé incarne toute l'ambigüité au cœur d'un système aveuglé par l'appât du gain malgré les garde-fous en place. Sans démonstration ni plaidoyer à charge, l'organisation du travail, la culture du métier, l'exigence de l'entreprise s'imposent naturellement comme partie intégrante de l'intrigue (voir entretien réalisé avec Michel Marchais, ancien secrétaire général de CGT Société générale).
Le père des Choristes, comédie populaire et familiale à succès, signe une comédie humaine maîtrisée et émancipée de tous bons sentiments. Le regard est lucide – et même carrément sombre dans la scène d'introduction du film – sur l'attitude de la direction et le double discours du management à l'œuvre dans les salles de marchés. Et sur l'emballement d'un jeune loup doué, en veine et en quête de reconnaissance.
La religion, qui traverse le film comme une toile de fond humoristique, reste une métaphore de bout en bout ; tant quand des passages bibliques sont évoqués de façon appuyée et prophétique par un manager, que quand il se réfère à la scientologie en guise de nouvelle église à la suite d'un déménagement outre-atlantique.
La vraie religion, ici, reste le fric, les lignes de chiffres qui défilent automatiquement sur les écrans d'ordinateur disposés tels des triptyques devant lesquels les traders se prosternent chaque jour. Et qui n'ont plus rien à voir avec la vie réelle.
En 2014, la Cour de cassation a confirmé la condamnation à la prison de Jérôme Kerviel
pour abus de confiance, faux et fraudes, mais cassé le volet civil, c’est-à-dire les dommages-intérêts initialement octroyés à la banque. Pour la plus haute juridiction française, le géant bancaire a failli dans ses mécanismes de contrôle et ne peut donc prétendre à un dédommagement couvrant intégralement les pertes imputées à l’ex-trader.
Le délibéré de la cour d’appel de Versailles est attendu le 23 septembre.
L’affaire comporte également un enjeu fiscal, le géant bancaire ayant en effet touché près de 2,2 milliards d’euros de l’Etat au titre d’un régime fiscal accordé aux entreprises déficitaires et victimes de fraude. Or, Bercy a déjà laissé entendre que ce bonus fiscal pourrait être remis en cause si la justice épinglait des défaillances dans les mécanismes de contrôle.
Rappelons que Jérôme Kerviel, brièvement incarcéré après sa mise en examen en février 2008, vient de connaître son premier succès judiciaire : le conseil de prud’hommes de Paris a condamné la banque à lui payer quelque 455.000 euros, estimant qu’il avait été licencié « sans cause réelle ni sérieuse » et dans des conditions « vexatoires ».
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