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DOCUMENTAIRE

Le ghetto à l’envers

6 septembre 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
Par | Photo(s) : Les Films Saint-André des Arts
Le ghetto à l’envers

Marseille cosmopolite, terre d'accueil et de mixité sociale, une réalité que sa municipalité veut à tout prix balayer. En 2013, le label de capitale européenne de la culture fut un imparable alibi, dénoncé dans « La fête est finie », le film de Nicolas Burlaud disponible en DVD.

Ainsi que le rappelle La fête est finie, excellent documentaire de Nicolas Burlaud, l'idée de chasser les classes populaires du centre de Marseille n'est pas nouvelle. De nombreuses tentatives ont eu lieu aboutissant en 2013 à transformer la ville en un vaste chantier. L'objectif est clair, annoncé de manière « décomplexée » par Claude Valette, adjoint au maire délégué à l'urbanisme : « On a besoin de gens qui créent de la richesse. Il faut nous débarrasser de la moitié des habitants de la ville. Le cœur de la ville mérite autre chose. »

On se doute bien de qui est cette « moitié des habitants de la ville », dont il est question de se débarrasser : les plus pauvres, notamment s'ils ne sont pas « assez blancs ». Pas comme ces promoteurs américains, grands amis des édiles de la ville qui, sanglés dans leurs costards-cravate, sont venus construire un nouveau centre-ville qui ressemblera surtout à un centre commercial, du modèle interchangeable (mais haut de gamme, car il ne s'agit pas, on l'aura compris, d'attirer les jeunes des cités).

À la place des quartiers historiques, des ruelles étroites et des placettes conviviales où l'on sirotait un pastis s'élèvent des quartiers proprets et artificiels, mais sans âme et truffés de caméras de surveillance. Ils vont accueillir des habitants plus « présentables » et bien plus fortunés, les autres y étant indésirables, voire suspects.

 

Avec subtilité et en une sorte de ballet, Nicolas Burlaud témoigne de la démolition, des rues éventrées, de la mémoire réduite à l'état de gravats. Filant la métaphore du cheval de Troie, il montre combien le prétexte de la culture, les grands messes festives cachent en fait des lendemains qui déchantent et de sacrées gueules de bois au réveil. Interrogeant ceux-là même que l'on repousse toujours plus loin à la périphérie, dans des cités béton qui contiennent la misère, l'absence de perspectives, l'apartheid socia,l et qui ont bien conscience de ce qui pousse sur ce redoutable terreau…

Pourtant, la cité phocéenne deux fois millénaire résiste car la vitalité de ses associations, la solidarité bien ancrée ne baissent pas les bras si aisément, même si on a souvent le sentiment du combat de David contre Goliath…

 

Trop peu vu lors de sa sortie en sallesLa fête est finie mérite une seconde chance que ce DVD vient à point nommé lui donner.

 

 

 

 

 

La fête est finie, 1 h 12.

15 euros