7 septembre 2016 | Mise à jour le 9 février 2017
Par
Dee Brooks
| Photo(s) : Patrice Normand/Leemage
Une petite fille, quelque part en Bulgarie soviétique, rêve devant la mosaïque représentant Iouri Gagarine qui orne son école. Comme lui, elle veut devenir cosmonaute et se lancer dans la « conquête spéciale ».
Lucide et plein d'humour, le premier roman d'Elitza Gueorguieva, Les cosmonautes ne font que passer, est l'une des belles surprises de cette rentrée littéraire. La toute jeune auteure, qui s'est d'abord consacrée au documentaire et aux performances, s'est placée à hauteur d'enfant, puis d'adolescente, pour faire toucher du doigt la Bulgarie qu'elle a connue.
Pleine de fraîcheur et de malice, la première partie est un pêle-mêle de découvertes et de questionnements pour la fillette, qui ne rêve que de Vostok et de scaphandres mais qui comprend vite que la voie de l'espace ne lui est pas franchement ouverte… Et puis, que fabriquent ses parents lorsqu'ils s'enferment dans la salle de bains pour y faire couler douche et robinets sans pour autant se laver ?
La seconde partie est celle des bouleversements : la chute du bloc communiste coïncide avec l'adolescence de la gamine, et la perte de la naïveté avec une compréhension un peu plus claire de la politique et du monde adulte. Plus dure, moins innocente, elle est néanmoins écrite avec ce même sens du burlesque et ce style à la fois léger et acéré qui est la patte d'une jeune romancière à suivre.
Les cosmonautes ne font que passer, d’Elitza Gueorguieva.
Éditions Verticales. 184 pages, 16,50 euros.