13 septembre 2016 | Mise à jour le 8 février 2017
Une île de la Grèce d'aujourd'hui. Un architecte endeuillé, un enfant autiste et sa mère… L'enfant qui mesurait le monde, de Metin Arditi, conte un monde qui cherche une issue et des valeurs dans un pays ravagé.
Trois solitudes se croisent sur une île grecque frappée par la crise. Eliot, architecte renommé, est venu à Kalamaki – où sa fille a accidentellement trouvé la mort – lors de recherches sur l'amphithéâtre de l'île. Sur les conseils du pope, Kosmas, Eliot s'est fixé sur l'île et y poursuit l'esprit des recherches initiées par sa fille. Il va y faire la connaissance de Yannis, un garçonnet autiste à la mémoire et aux facultés de calcul prodigieuses, et de sa mère Maraki, pêcheuse à la palangre par nécessité.
Metin Arditi, ciseleur de mots, mais aussi musicien, polytechnicien et envoyé spécial de l'Unesco, signe, avec L'enfant qui mesurait le monde, une galerie de ces portraits attachants dont il a le secret. L'auteur du Turquetto, de Prince d'orchestre ou de Loin des bras aime à mettre en présence des personnages en errance, qu'elle soit physique ou affective, et à dessiner avec eux une destinée qui les dépasse.
Ce nouveau roman s'ancre dans une communauté insulaire qui n'est pas épargnée par les soubresauts de l'économie dévastée dans un pays exsangue. Et lorsqu'un projet de complexe hôtelier de luxe se propose de venir occuper la plus belle baie de l'île jusqu'alors préservée du béton, deux camps se forment. Car Eliot a découvert dans les écrits laissés par sa fille un projet tout différent, plus respectueux des valeurs des habitants de l'île. S'engage alors un combat où Yannis, qui ne trouve l'apaisement que par des protocoles rituels où il mesure « l'ordre du monde », va jouer un rôle étonnant…
L'enfant qui mesurait le monde, de Metin Arditi
Éditions Grasset, 304 pages, 19 euros.