7 octobre 2016 | Mise à jour le 3 janvier 2017
Parce qu'on a tout dit de Rimbaud, Thierry Beinstingel s'est plu à imaginer que le poète n'est pas mort à Marseille en 1891. Un autre lui ayant été substitué, Arthur aurait commencé incognito une troisième vie…
Fin observateur du monde du travail, Thierry Beinstingel nourrit aussi une passion pour Arthur Rimbaud, poète étoile filante qui choisit sa destinée en arrêtant d'écrire à l'entrée de l'âge adulte. En s'appuyant sur une documentation solide, le romancier décide que l'histoire ne peut s'arrêter aussi brutalement et choisit d'en inventer la suite, qu'il intitule Vie prolongée d'Arthur Rimbaud.
Seule Isabelle Rimbaud, la sœur d'Arthur, sera informée que, sous une autre identité, son frère bien aimé s'est construit une nouvelle vie, tandis que le mythe qui entoure le poète ne cesse de s'amplifier, nourri de légendes et de demi-vérités qui, pour certains, seront aussi un fonds de commerce.
Si l'exercice est assez casse-cou, Thierry Beinstingel tire brillamment son épingle du jeu en proposant au lecteur des hypothèses plausibles, comme en faisant un pas de côté par rapport à une réalité déjà tracée. Une uchronie qui s'alimente de faits documentés et qui tient la distance donnant un gros roman où l'on ne s'ennuie pas un instant tout en découvrant maints détails sur les deux vies de Rimbaud, enfant rebelle et poète puis marchand aventurier. Mais Rimbaud n'écrivit-il pas « Je est un autre » ?
Vie prolongée d'Arthur Rimbaud, de Thierry Beinstingel.
Éditions Fayard. 415 pages, 20,90 €.