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Les travailleurs migrants fêtent leurs victoires

21 décembre 2014 | Mise à jour le 5 avril 2017
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Les travailleurs migrants fêtent leurs victoires

Le siège de la CGT à Montreuil a pris des tonalités d’Afrique et d’Asie mercredi 17 décembre dernier lors d’une grande fête célébrant les luttes de centaines de travailleurs migrants. Au programme : concerts, prises de parole, buffet et projection d’un film sur les travailleurs étrangers en France.

Ils sont ouvriers du bâtiment, cuisiniers, agent d’entretien ou de sécurité ; ils viennent d’Afrique, d’Europe de l’Est ou d’Asie ; leur point commun : être des travailleurs migrants venus tenter leur chance en France. Un pari bien risqué quand on sait l’accueil qui leur est réservé une fois passée la frontière.

Souvent perdus face à une logique administrative désarmante, ils se heurtent, depuis des années, à une politique migratoire qui est loin d'obéir à une logique d’accueil. Qu’ils soient travailleurs détachés ou sans-papiers, ces travailleurs migrants se retrouvent à la merci d'employeurs peu scrupuleux en matière de droit du travail.

« IL S’AGIT D’ESCLAVAGE MODERNE »

« On est obligés de fermer nos gueules, de ne pas réclamer nos droits, » explique Sacko, 32 ans, qui a longtemps vécu en France sans papiers, avant d’être récemment régularisé. Impossible, par exemple, de se faire payer les heures supplémentaires effectuées, « dès que tu les réclames, le patron te fout dehors. » Alors pour lui, aucun doute, il s’agit « d’esclavage moderne. »

C’est en partie ce qui l’a poussé, en 2009, à venir frapper à la porte de la CGT. Rejoint par plus de 6 000 autres travailleurs sans-papiers—issus des secteurs friands de main-d’oeuvre flexible et bon marché tels que la restauration ou le nettoyage—il participera à une grève de plusieurs semaines pour exiger la mise en place de critères nationaux de régularisation afin de mettre un terme au pouvoir discrétionnaire des préfectures.

Depuis, la circulaire Valls de novembre 2012 a été publiée. Ce texte donne, aux préfets, des consignes en termes de régularisation, notamment pour les demandeurs de carte de séjour ayant déjà un emploi.

Loin des clichés de profiteurs venus à la pêche aux prestations sociales, ces travailleurs cotisent souvent aux assurances chômage, vieillesse et payent leurs impôts, à ce détail près qu’ayant cotisé sous un faux nom, ils ne peuvent souvent pas réclamer leur dû le moment venu.

« La plupart est quand même là pour travailler, gagner leur vie et aider la famille au pays » explique le réalisateur Marcel Trillat, venu projeter son film Des étrangers dans la ville. « Pour avoir une chance d’obtenir, un jour, la carte de séjour, il faut qu’ils aient, de la part des patrons qui les emploient, au noir ou sous un faux nom, un engagement de contrat de travail. »

« Or les patrons leur disent ‘quand vous aurez des papiers, je vous donnerai le contrat de travail.’ Donc pas de contrat de travail, pas de papiers. Pas de papiers, pas de contrat de travail. »

Travailleurs Migrants : Savoir Fêter Les Victoires par Guillaume Desjardins

Madame Zhu a elle aussi poussé un jour la porte du syndicat. Pour cette couturière chinoise, arrivée en France en 2000, pas de cotisations sociales, son employeur refusant catégoriquement de la déclarer. Elle rejoint la CGT en 2009 qui la guide et la conseille pour sa demande de régularisation. Ayant obtenu son sésame en 2010, elle est aujourd’hui soulagée.

« Avant, c’était le travail au noir, sans-papiers », confie Zhu, « maintenant, je suis tranquille. »

Ce sont ces victoires, petites et grandes, que les membres de la CGT et les travailleurs migrants présents à Montreuil mercredi—journée anniversaire de la signature de la Convention internationale de protection des droits des travailleurs migrants—sont venus fêter, mais comme le rappelle Francine Blanche, secrétaire confédérale de la CGT, « la lutte continue. »

La circulaire Valls « n’est pas appliquée partout, elle n’est pas appliquée correctement, et puis, elle n’est pas suffisante » déplore Blanche qui pointe du doigt notamment le refus de certaines préfectures de prendre en considération les emplois intérimaires dans l’étude des demandes de régularisation ou la priorité donnée aux mesures d’éloignement plutôt qu’à l’étude des demandes de régularisation.

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