À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT

Alstom au risque 
du démantèlement

26 mai 2014 | Mise à jour le 2 mai 2017
Par
Alstom au risque 
du démantèlement

Alors que le PDG d'Alstom, Patrick Kron, négocie avec General Electric (GE) 
la cession de la branche énergie du groupe et que l'hypothèse d'un rachat par Siemens 
est aussi sur la table, les fédérations syndicales de la métallurgie s'opposent 
au démantèlement et aux pertes d'emplois qui en découleraient. Elles réclament 
du gouvernement une participation publique au capital du groupe…

François Hollande et Angela Merkel l'affirment : l'avenir du groupe Alstom appartient à l'entreprise. Enfin, pas tout à fait. À ses dirigeants, en fait. C'est du reste par voie de presse, fin avril, que les salariés d'Alstom, au même titre que le gouvernement, ont appris les discussions que mène le PDG Patrick Kron avec General Electric (GE) et l'offre de reprise par GE de la branche énergie du groupe – qui représente l'un de ses deux métiers avec le transport, et 70 % du chiffre d'affaires – pour 12,35 milliards d'euros.

Les représentants du personnel n'ont été ni associés au projet, ni informés. Alors que l'hypothèse d'un rachat par Siemens est également évoquée (même si le groupe allemand se donne le temps de la réflexion pour se porter éventuellement candidat), la chancelière allemande considère que ces décisions « ne relèvent que de l'entreprise » et ajoute : « du côté allemand, nous ne nous impliquerons pas » dans le dossier. En cas de rachat par Siemens, l'Allemagne accompagnerait cependant le projet « de façon positive ». Le locataire de l'Élysée, lui, qui au nom de l'Europe et en dépit des spécificités des deux groupes préférerait l'allemand à l'américain, annonce en même temps qu'il s'agit « d'abord d'une affaire d'industriels » même si « le gouvernement français est particulièrement attentif » à la pérennité de l'emploi et à l'indépendance énergétique.

 

Le coût des dividendes

L'inquiétude des salariés n'est cependant pas nouvelle quant à l'avenir d'Alstom et de ses emplois (aujourd'hui un peu plus de 93 000 salariés dans le monde), déjà menacés par un nouveau plan de restructuration. On se souvient qu'en 2004 l'État était entré au capital du groupe avant de se retirer en 2006, laissant alors Bouygues détenir une participation de 30 % au capital du groupe. Le PDG, Patrick Kron, qui prétend aujourd'hui vouloir « anticiper » pour sauver le groupe et l'emploi, préfère pourtant verser de solides dividendes qu'investir au service de la qualité de production de ce fleuron industriel. Il se livre aussi à une politique à la fois de cession d'actifs et de rachat d'entreprises : une filiale d'Areva et des usines à l'étranger, permettant une entrée de liquidités qui nourrissent ces dividendes. Entre leur paiement, les remboursements d'emprunts et les pénalités pour retards de livraisons, la dette s'accroît. Bouygues annonce qu'il souhaite se retirer. Pourtant, le chiffre d'affaires continue de progresser et le carnet de commandes s'envisage sur plus de deux ans…

 

Vers une « montée de l'État 
au capital » ?

Le 29 avril, Arnaud Monte bourg, ministre de l'Économie, a reçu les organisations syndicales de la métallurgie (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC). Selon le ministre, le gouvernement n'accepterait pas « d'être mis devant le fait accompli » et étudierait les offres de reprise de GE comme de Siemens tout en dénonçant le risque de démantèlement du groupe et de perte de secteurs industriels stratégiques (construction et maintenance de centrales électriques, transport ferroviaire). En fait, un démantèlement d'Alstom serait désastreux pour le groupe comme pour l'emploi. Il semble à l'inverse indispensable de consolider ses activités et de définir une vraie stratégie industrielle supposant des investissements dans la recher­che, la formation, le matériel, et d'éventuelles coopérations, par exemple avec la SNCF ou EDF.

 

Il faut privilégier l'intégrité d'Alstom
et son indépendance

C'est ainsi que, dans un communiqué commun, les organisations syndicales mettent en lumière les risques en matière d'emploi des deux schémas de reprise, GE et Siemens, et refusent le démantèlement du groupe, demandant au gouvernement qu'il « exige du groupe et de son actionnaire principal le report de toute décision de cession ». Elles soulignent que « le véritable problème d'Alstom réside dans son besoin en fonds de roulement ». Pour elles, « c'est une solution de consolidation d'Alstom dans son intégrité et son indépendance qui doit être privilégiée par le gouvernement. Cela passe nécessairement par une évolution du capital du groupe puisque l'actionnaire de référence, Bouygues, a manifesté sa volonté de céder sa participation dans le groupe Alstom ».

Il s'agit donc d'une tout autre voie que celle d'un rachat par GE ou Siemens. Les organisations syndicales souhaitent en effet une « montée de l'État au capital d'Alstom », rappelant qu'il n'en détient que 0,9 % et que le carnet de commandes du groupe « est majoritairement le fait d'entreprises ou de fonds publics ». Une prise de participation publique (sans passer – comme cela a pu être évoqué – par la vente d'une partie du capital d'EDF) permettrait une recapitalisation d'Alstom. Mais il serait alors tout aussi décisif de contrôler l'usage des aides financières et de revoir la gouvernance du groupe.