Élior : diète sévère dans la restauration d’entreprises
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Il flotte un air de déjà-vu, ce mercredi, à l'entrée du McDo de la porte d'Aix, au cœur de Marseille. Des jeunes salariés débarquent, se tapent dans les mains, s'embrassent, échangent des nouvelles des unes, des autres… et de la lutte. Les clients sont gentiment éconduits : malgré l'agitation, le restaurant est bien fermé au public.
On avait perçu cette ambiance de combat social à la fois déterminé et mené avec un soupçon d'insouciance positive, celle des moins de trente ans, en avril 2012 lors du conflit du McDonald's de la Valentine. Il avait duré plusieurs semaines et permis aux salariés d'obtenir et/ou de conforter quelques acquis sociaux. Houcine Ben Chiha, élu CGT du comité d'entreprise, s'en souvient très bien : « On était avec eux à l'époque, et cette expérience partagée a compté dans la construction d'une culture commune de la lutte. »
Cette année, le mouvement est parti de trois restaurants (Vitrolles, et Sainte-Marthe et porte d'Aix à Marseille) réunis au sein de l'unité économique et sociale (UES) LC Horizon. LC pour Laurent Combe qui, depuis deux ans, dirigeait ces trois McDonald's en tant que franchisés. C'est l'annonce de son départ imminent qui a conduit les quelque 200 salariés (total des trois sites) à décider, lundi 18 août, « en moins de vingt-quatre heures », de partir en grève en intersyndicale : « On ne sait pas ce qui va nous arriver, explique Coralie Grater, élue FO. Il était là depuis deux ans. Qui va nous reprendre ? Un autre franchisé ? McDo France nous assure qu'elle va assurer la direction pour les trois mois à venir. Mais après ? »
La majorité des salariés concernés sont en CDI, mais avec des temps partiels qui ne leur permettent pas de cumuler une autre activité professionnelle. Tel Rayane, 21 ans, qui travaille au McDo de la porte d'Aix depuis un an, vingt-sept heures par semaine, et est payé entre 600 et 700 euros par mois.
Au moment où leur « patron » (qui récupérait 10 % des bénéfices, les 90 % restants allant à McDonald's France) les quitte, Rayane et ses collègues veulent obtenir quelques garanties pour l'avenir. « Ce que l'on demande, résume Houcine, l'élu CGT, c'est l'assurance de la pérennité de l'emploi, la conservation de l'ensemble de nos acquis sociaux : le treizième mois et une mutuelle d'entreprise, la restauration de la participation aux bénéfices qui était prévue mais n'a jamais été mise en œuvre puisque, nous dit la direction, il n'y a pas suffisamment de bénéfices… »
Sur tous ces points, les discussions avec la direction n'avaient encore rien donné de concret dix jours après le début du conflit. Mais le mouvement était très suivi, une bonne partie des salariés occupant les trois restaurants jour et nuit, d'autres McDo de la région leur apportant leur soutien sans faille.
« Le mouvement est structuré et solide, se félicite un salarié en lutte préférant garder l'anonymat. Et il est soutenu car notre situation est vécue par plein d'autres boutiques McDo dans tout le pays. »
De fait, au-delà de l'enjeu immédiat que représente l'avenir des trois sites de LC Horizon, c'est bien un système qui est sur la sellette. Un système basé, notamment dans la région marseillaise, sur la franchise : moyennant une répartition variable des bénéfices avec McDo France, un patron franchisé prend la direction d'un ou plusieurs restaurants réunis (ou pas) en UES. À Marseille, la totalité des franchisés a appartenu longtemps au groupe Brescia. Mais petit à petit, les contrats de ce groupe arrivant à échéance, les restaurants reviennent dans le giron de la direction centrale. À qui vont-ils échoir ?
À l'arrivée de chaque nouveau franchisé, le risque est grand de le voir détricoter ce que les salariés ont acquis auparavant. Ces derniers et leurs représentants syndicaux déplorent que soient sans cesse recréées « des petites structures pas trop viables qui étouffent au bout de quelques années ». D'autant que l'absence de direction centrale entraîne des disparités de traitement entre des salariés qui font exactement la même activité… Morceler, fragiliser pour mieux régner, la direction de McDo n'a rien inventé.
Mais les salariés ne veulent plus de cette épée de Damoclès que représentent les franchises toujours renouvelées. La plupart voudraient revenir dans le giron direct et unique de McDo France. Et, cette fois, rajoute Houcine, au moins « s'assurer que le découpage des magasins franchisés soit cohérent et ne fragilise pas les structures et leurs salariés ». Qui ont choisi de se mobiliser…
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