9 avril, journée de grève contre l'austérité
Les syndicats demandent le retrait du projet de loi Macron et la fin du pacte de responsabilité. En effet, la loi «pour l’activité, la croissance et l’égalité des chances économiques» – à laquelle le ministre de l’Économie a prêté son nom, et pour laquelle le gouvernement a dû recourir au mécanisme de l’article 49-3 de la Constitution – prévoit plusieurs dispositions qui ont de quoi mettre en colère les syndicats.
HORAIRES DÉCALÉS
«Le combat de 2012, c'est de préserver le principe du repos dominical, c'est-à-dire de permettre aux travailleurs de consacrer un jour de leur semaine à leur famille, au sport, à la culture, à la liberté. Et j'y veillerai !», promettait François Hollande le 17 avril 2012 en pleine campagne présidentielle. Mais trois ans plus tard, la loi Macron prévoit d’élargir les conditions d’ouverture des magasins le dimanche. De plus, en créant la notion de «travail de soirée» c’est à dire entre 21 heures et minuit, le travail de nuit, qui avait pourtant été jugé anticonstitutionnel par les sages du Palais Royal, serait, en partie, légalisé.
LICENCIEMENTS ET JUSTICE PRUD’HOMALE
Autre sujet qui fâche, la procédure de licenciement économique. Celle-ci pourrait être simplifiée par la loi Macron, notamment pour les entreprises de moins de 50 salariés. Fin de la recherche obligatoire de reclassement à l’étranger pour les groupes à portée internationale, disparition de la peine de prison encourue pour délit d’entrave aux instances représentatives du personnel ou encore abandon de l’ordre imposé en termes de critères de priorité lors des licenciements économique, autant de dispositions qui irritent les syndicats.
De plus, la réforme de la justice prud’homale est perçue comme une autre manière de faciliter les licenciements. La loi prévoit, en effet, dans le but de désengorger les juridictions paritaires, de réduire le nombre de conseillers en formation restreinte, d’étendre le pouvoir des juges répartiteurs ou de rendre obligatoire la représentation en appel. Autant de dispositions qui, selon les syndicats, pourraient, elles aussi, faciliter les licenciements.
AUSTÉRITÉ MALGRÉ LA REPRISE ÉCONOMIQUE
La question du pouvoir d’achat revient également comme cause de mécontentement. Selon un calcul de l’Institut national de la consommation (INC), les Français ont perdu, depuis 2009 l’équivalent de 1500 euros annuels de pouvoir d’achat. En cause, les revenus ne suivent pas l’inflation.
Avec une baisse de 0,3 % sur un an en février, l’inflation atteint pourtant des niveaux historiquement bas, mais les revenus sont eux aussi à la traîne du fait des faibles augmentations accordées aux salariés sur la même période. Pour les retraités également, les temps sont à l’austérité. Le point d’indice pour le calcul des pensions n’a pas été réévalué depuis 2013.
La situation sur le marché du travail n’arrange pas les choses, loin de s’inverser, la courbe du chômage ne cesse de grimper. Alors que le taux de chômage baisse en zone euro, l’Institut national des statistiques et des études économiques (INSEE) prévoit qu’il atteindra 10,2 % en France d’ici à la mi-2015, un niveau inégalé depuis 1997.
Alors que le crédit d’impôt compétitivité emploi et le pacte de responsabilité sont perçus par beaucoup comme des «cadeaux faits au patronat» ces chiffres passent mal auprès des salariés, privés d'emplois et retraités, d’autant plus que plusieurs indicateurs économiques sont récemment passés au vert. Autant de raisons qui en pousseront beaucoup à se joindre à la journée d’action ce jeudi.