9 avril 2015 | Mise à jour le 13 mars 2017
Pour toute une génération de jeunes travailleurs n'ayant connu que la crise, le monde du travail rime trop souvent avec précarité et chômage. Le 9 avril est le bon moment pour dire leur ras-le-bol.
Ils ont entre 25 et 35 ans, pour eux, le monde du travail est synonyme de CDD, d'intermittence, de Pôle emploi et de petits boulots. La précarité, ils la vivent tous les jours. Alors quand le projet de loi Macron prévoit de faciliter les licenciements, la pilule a du mal à passer.
«Ce que la droite n'a pas osé, la gauche est en train de le faire», s'indigne Sylvain Thomaka, 33 ans, tourneur-fraiseur à Foix, en Ariège. Il a récemment cofondé un collectif local de jeunes CGT pour mobiliser les jeunes ariégeois autour de questions telles que les stages maquillés, la précarité, le coût des logements, le chômage, et même déjà la retraite.
Pour un jeune sur le point de quitter le domicile parental, «il faut vraiment avoir le cœur accroché», explique-t-il, «il va faire des petits jobs, payés au lance-pierres, et derrière ça, en plus d'être exploité professionnellement, il va se faire exploiter au niveau du logement, vivre dans des cages à poules hors de prix».
Écœuré, Sylvain continue «j'ai honte d'avoir voté Hollande par exemple. C'est scandaleux. Même nos retraités, ils leur font payer des impôts maintenant. Ils ont travaillé toute leur vie pour avoir le peu d'argent qu'ils ont et on leur en prend».
De son côté, à 31 ans, Camille Henriot, secrétaire CGT chômeurs de Marseille centre-ville, connaît trop bien les conséquences des coupes budgétaires au niveau local. Ancienne contractuelle à la mairie de Bobigny, la nouvelle équipe municipale UDI met un terme en 2014 à la mission qui l'employait.
Nouvellement installée à Marseille, elle a rejoint le comité «privés d'emploi» de la CGT pour lutter contre «les politiques d'austérité de ces dernières années».
En ligne de mire également pour Camille, la loi «pour l'activité, la croissance et l'égalité des chances économiques», – à laquelle le ministre de l'économie a prêté son nom – et qui, selon elle, renforce la précarité non seulement en simplifiant les procédures de licenciement et en facilitant l'accès aux emplois précaires, mais également en «détruisant les prud'hommes».
Au final, «qui dit renforcement de la précarité dit renforcement du chômage et maintien des bas salaires», explique-t-elle.
«C'est sûr que si on ne fait rien, c'est perdu d'avance», déclare Sylvain en évoquant les raisons qui le poussent à se joindre aux manifestations du 9. «Si on laisse passer les lois, si on laisse passer tout ça, ils vont faire ce qu'ils veulent.»
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