Où est passée la démocratie sociale ?
De contre-réforme en contre-réforme, le pouvoir d’agir des syndicats a été affaibli et, par ricochet, les droits des salariés s’en trouvent amenuisés. La négociation... Lire la suite
Les premiers étaient venus sous les fenêtres de la maire de Paris pour exiger des revalorisations salariales. Alors que le gouvernement poursuit le gel du point d'indice des fonctionnaires pour la cinquième année, les agents territoriaux de Paris exigent d'Anne Hidalgo qu'elle applique une politique de promotion systématique sur critères d'ancienneté.
Aujourd'hui, dans certains corps, il faut attendre dix ans, voire plus, pour être promu alors que l'on remplit toutes les conditions. Les syndicats exigent aussi d'une même voix l'arrêt des suppressions de postes et des réorganisations visant à réduire le service public. Les agents de la mairie de Paris étaient massés sur la place de l'Hôtel de Ville aux côtés des salariés du commerce de Paris en lutte eux contre la loi Macron et plus particulièrement contre la mise en œuvre du travail dominical dans les zones dites touristiques de la capitale.
Ils contestent notamment le caractère touristique de certaines zones comme le 13e arrondissement ou Bercy. Ils redoutent que la loi Macron et le zonage touristique ne serve de Cheval de Troie pour banaliser le travail dominical partout et sans les contreparties annoncées. À l'appui de leurs craintes la décision de l'enseigne américaine d'habillement Abercrombie & Fitch. La filiale française implantée en France sous son nom propre et sous enseigne Hollister, a envoyé un document pour information et consultation aux élus du Comité d'entreprise dans le cadre de son projet d'ouverture le dimanche.
Sans même avoir ouvert de négociations, la direction annonce vouloir ouvrir ses magasins situés en Zones touristiques internationales 52 dimanches par an, sans majoration, sans volontariat, sans engagement en terme d'embauche et sans accord. Les patrons d'Abercrombie l'écrivent : « les salariés amenés à travailler le dimanche percevront une rémunération identique à celle perçue les autres jours de la semaine, sans majoration de salaire ».
Quant au travail de nuit, il sera majoré à 25 %, contre 100 % au minimum prévu par la loi. Le mot même de « volontariat » n'apparaît pas une seule fois dans le document adressé aux représentants du personnel. « Une fois la loi promulguée, les patrons du commerce s'empressent de la violer », s'insurgent les syndicats réunis dans le Clic-P.
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