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EMPLOI

La CGT de l’Essonne déclare l’urgence sociale

22 janvier 2016 | Mise à jour le 21 février 2017
Par | Photo(s) : FB/Essonne Info
La CGT de l’Essonne déclare l’urgence sociale

Alors que l'état d'urgence et son inscription dans notre Constitution font débat, la CGT de l'Essonne, elle, entend alerter la puissance publique et les citoyens sur l'urgence sociale qui frappe de plein fouet le département.

« C'est officiel, aujourd'hui, l'état d'urgence sociale est lancé en Essonne ! », a déclaré Olivier Champetier, en conclusion d'une conférence de presse organisée à la maison des syndicats d'Evry-Courcouronnes, mardi 19 janvier. Tirant la sonnette d'alarme, combatif, le secrétaire de l'Union départementale CGT a d'abord dénoncé l'hécatombe de plans sociaux en cours dans le département. Puis, il a lancé, à l'intention des acteurs sociaux et politiques, un appel à la tenue, urgente, d'une table ronde avec les syndicats de salariés, le Medef et la direction régionale de l'emploi (Direccte).

Invités à la tribune de cette conférence, les délégués syndicaux de chaque entreprise du département concernée par un plan de licenciements ont permis de visualiser une photographie « de la situation catastrophique de l'emploi en Essonne ».

INSTANTANÉ D'UNE HÉCATOMBE

Dans la branche énergie (anciennement Alstom) du géant américain General Electric, un plan social est en cours, qui va supprimer 305 emplois sur le site de Massy.

À Nozay, les « Alcatel » devenus « Nokia » en janvier accusent les conséquences de leur rachat qui place les deux activités de la nouvelle entité finlandaise en concurrence frontale : « Nous nous attendons à l'annonce imminente d'un plan social », a indiqué le délégué syndical CGT, non sans rappeler qu'en quatre ans, Alcatel a déjà largement réduit sa masse salariale, les effectifs passant sur cette période de 12 500 à 5 500 salariés.

Découflé, fabricant de machines à cigarettes, basé à Chilly-Mazarin, va supprimer 59 des 166 postes du site essonnien, pour les relocaliser en Hongrie, pays du salaire low cost (330 euros/mois de salaire minimum). Une deuxième vague de suppression d'emplois interviendra en juin 2016, qui portera à 80 % le taux de destruction des postes du site de Chilly-Mazarin.

Chez Pixmania, le glas a sonné. Comme nous l'annoncions le 11 novembre 2015, le fleuron de l'e-commerce de produits high-tech va fermer son entrepôt de Brétigny-sur-Orge, et cesser son activité de marchand du Net, le tout dans le cadre d'une procédure de sauvegarde. La destruction d'emplois concerne les 87 salariés de la plateforme de Brétigny-sur-Orge, mais menace également la centaine de leurs collègues du siège de l'entreprise, situé à Asnières (92).

CGG, un fleuron de l'exploration géophysique et sismique pétrolière, va, peut-être, sauver quelques meubles ; mais au prix d'une réduction drastique de la voilure de ses activités historiques : le parapétrolier vient en effet d'annoncer la suppression de 25 % de ses effectifs dans le monde. En Essonne, le site de Massy va se délester de 300 postes, tandis que 29 autres vont être supprimés dans sa filiale des Ulis (Sercel). À quoi s'ajoute la réduction à peau de chagrin de la flotte de CGG, qui ne conservera que 5 des 18 navires qu'elle possédait jusqu'en 2013.

RUINE DES POSTES À LA POSTE

Également présente à cette conférence de presse, La Poste essonnienne, dont la fonte des effectifs n’en finit plus depuis la restructuration nationale engagée en 2011, qui menace le département de désertification du service public postal. Tel est déjà le cas dans la commune de Grigny, où les 12 000 habitants du quartier de la Grande Borne ne disposent plus d'aucun guichet depuis la fermeture, il y a deux ans, du dernier bureau de poste de ce quartier.

La CGT a calculé une baisse de 2 094 à 1 600 postes dans la branche « courrier », et la réduction de 920 à 843 postes dans la branche « guichet ». D'où l'alerte lancée par l'UD-CGT 91 à tous les maires du département, sollicitant l'organisation d'un grand débat sur les besoins et attentes des usagers du service postal de l'Essonne.

LICENCIÉS SUITE À LA GRÈVE

En grève en décembre 2015 contre un plan d'intensification de la production, assorti d'une réduction de la rémunération (suppressions de primes, etc.) et des effectifs, 35 salariés d'ID-Logistic Lisses, la plateforme d'Intermarché, viennent de recevoir leur lettre de licenciement suite à la grève. Parmi eux, onze des licenciés, « cul sec », sont les représentants des salariés de l'entrepôt de Lisses.

Enfin, rien ne va plus chez Altis – anciennement IBM Corbeil-Essonnes – où les représentants des salariés s'attendent désormais au pire : « Nous observons depuis deux ans des difficultés de versement de nos salaires. Suite à une action engagée auprès du tribunal de commerce, nous avons découvert que les caisses de cotisations sociales ne sont plus abondées et, plus récemment, que la retraite complémentaire n'était plus payée, raisons pour lesquelles les caisses de la protection sociale ont entamé une procédure de mise en liquidation de l'entreprise », a expliqué, inquiet, le représentant syndical CGT d'Altis.

L'URGENCE SOCIALE, C'EST MAINTENANT !

Photo d'une hécatombe annoncée et déjà largement amorcée, cet instantané du 19 janvier n'a pas vocation à nourrir les annales de l'histoire, mais à inviter chacune et chacun à se mobiliser pour en changer le cours.
Premiers rendez-vous : les 25 et 26 janvier, à l'occasion d'initiatives organisées par la CGT de l'Essonne : lundi 25 janvier, un rassemblement est prévu à 10 heures devant l'assemblée départementale (rue des Mazières, à Évry) pour refuser la baisse drastique de l'aide sociale légale et obligatoire pour les plus fragiles (enfants placés en institution, les enfants et adultes handicapés mentaux et physiques, personnes âgées et/ou sans hébergement).

Le mardi 26 janvier (départ à 14 heures, de Montparnasse), l'UD-CGT 91 s'associe à l'appel à la grève lancé par les organisations de fonctionnaires, enseignants et de santé pour dénoncer les réformes régressives et le pacte de stabilité qui mettent en danger la pérennité des services publics.

L'urgence sociale est bel et bien décrétée, et ça commence ici et maintenant !