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GARANTIES

Quel accès à l’emploi ?

23 mars 2016 | Mise à jour le 16 février 2017
Par | Photo(s) : Marta Nascimento/REA P
Quel accès à l’emploi ?

La « garantie jeunes », contrat d'insertion pour les 18-25 ans avec les missions locales, repose sur l'idée selon laquelle l'accès à l'emploi dépend davantage des qualités des demandeurs que de la création d'emplois par les entreprises. Explications.

Créée en 2013, la « garantie jeune » est un dispositif encore expérimental, destiné aux 18/25 ans et piloté par les missions locales. L'objectif du gouvernement était d'une montée en charge progressive, pour concerner 100 000 jeunes en 2017 (46 000 jeunes actuellement).

François Hollande vient d'annoncer son renforcement : sa réponse à la fronde de la jeunesse face à la casse du droit du travail ? Cette annonce n'est pas chiffrée : au moins 900 000 jeunes précaires pourraient théoriquement être concernés, mais la popularisation de la mesure, le montant de l'allocation que chacun toucherait et le financement des dispositifs d'accompagnement représenteraient alors un budget dont l'estimation oscille entre 450 millions d'euros… et 5 milliards !

GARANTIE UN AN

La « garantie jeune » est un contrat d'insertion entre le jeune (sans emploi ni formation) et la Mission locale. Le jeune touche une allocation mensuelle de 461 euros et bénéficie d'un suivi personnel par un binôme de conseillers d'insertion pendant un an.

Le jeune alterne activités collectives à la Mission locale (stages de découverte, aide à la réalisation d'un CV, ateliers sur l'offre de formation, mises en situation, etc.) et activités individuelles (réponses aux offres d'emploi, candidatures spontanées, recherche de stages, inscription en agence d'intérim, élaboration d'un projet, etc.).

L'objectif est qu'à la sortie du dispositif, il ait un emploi ou soit entré dans une formation qualifiante.

UN CONTRAT PLUS QU'UN DROIT

Comme tous les dispositifs reposant sur l'idée que l'accès à l'emploi dépend plus des qualités personnelles des demandeurs (formation, motivation…) que de la création d'emplois par les entreprises, la « garantie jeune » a quelques avantages et beaucoup de défauts.

Parmi les avantages, il y a la prise en charge globale de jeunes souvent fortement désocialisés, pour lesquels allocation et suivi permettent de « mettre la tête hors de l'eau » : prise en charge médicale, logement, valorisation de l'expérience, liens noués avec d'autres jeunes…

Parmi les défauts, on notera que le dispositif bascule aisément dans le « flicage », avec l'obligation de « pointer » quotidiennement à la « Mi Lo » qui n'est pourtant pas en mesure d'occuper quotidiennement et utilement les jeunes pendant 12 mois, des conseils impératifs en matière vestimentaire, d'hygiène de vie, d'acceptation de contrats très courts et/ou très mal payés…

La « garantie jeune », en effet, est présentée comme un contrat, non comme un droit : elle peut être suspendue si le jeune ne remplit pas ses obligations, menace d'autant plus effrayante que lesdites obligations – en pratique, faute de perspective réelle – ont des contours flous et tournent un peu à vide.

Aussi la « garantie jeune » pourrait bien n'être, selon les mots de Jésus de Carlos, de la fédération CGT des services publics, qu'un « nouvel aménagement de la souffrance sociale. »