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LOI TRAVAIL

Reporter n’est pas renoncer

1 mars 2016 | Mise à jour le 20 février 2017
Par | Photo(s) : Yann Bohac/AFP
Reporter n’est pas renoncer

L'annonce du report de deux semaines de la présentation du projet de loi « El Khomri » en conseil des ministres est un premier et incontestable recul à mettre à l'actif de la mobilisation montante qui va s'exprimer dans les rues le 9 mars.

Pour la CGT, le gouvernement « doit maintenant annoncer son retrait et ouvrir une phase de négociations réelles avec les représentants syndicaux et les organisations de jeunesse pour élaborer un Code du travail protecteur ». Une exigence d'autant plus criante que le chef du gouvernement a assuré que ce report ne modifierait pas substantiellement la suite du calendrier : « Il faut lever un certain nombre d'incompréhensions, il faut expliquer, répondre à toute une série de fausses informations qui sont données sur ce texte », a déclaré Manuel Valls qui a annoncé : « Je vais recevoir, dans une semaine sans doute, l'ensemble des partenaires sociaux, organisations syndicales et organisations patronales, les unes après les autres. »

Deux semaines de report, une semaine pour recevoir les « partenaires sociaux », voilà qui ressemble à une tentative de déminage plus qu'à une ouverture de véritables négociations dans lesquelles la CGT a des propositions pour un Code du travail du XXIe siècle. En attendant, elle poursuit ses contacts intersyndicaux pour construire la mobilisation.

C'est ainsi que les organisations syndicales de salariés, de lycéens et d'étudiants vont se retrouver toute la journée – jeudi 3 mars – pour « travailler ensemble sur la construction de droits nouveaux, et sur les autres articles du projet, notamment, sur les licenciements économiques, le forfait jours, l'organisation du travail et la santé au travail, l'apprentissage, etc. », mais aussi pour envisager les mobilisations contre ce qui apparaît, pour 70 % des Français, comme une menace pour les droits des salariés (sondage du 24 février pour BFMTV).

CLICS PAR MILLIONS POUR UNE GRANDE CLAQUE

Incontestablement la donnée nouvelle de cette mobilisation, c'est qu'elle se construit avec une ampleur et une rapidité inédites grâce aux réseaux sociaux. Ce qui fait craindre, à juste titre, à l'exécutif une levée en masse des jeunes, à l'instar de ce que l'on avait connu contre le CPE en 2006, mais aussi en 2010 contre la réforme des retraites. Le flot impressionnant des signatures de la pétition citoyenne « Loi travail, non merci ! » ne s’est pas tari avec l'annonce du report de l'examen du texte, et la pétition s'achemine à tombeau ouvert vers le million de signatures.

L'importance inédite prise par les réseaux sociaux dans cette mobilisation a obligé le gouvernement à livrer sa bataille sur ce terrain très prisé en ouvrant un compte Twitter spécial sur lequel les opposants au texte se sont vite lâchés, soulignant à juste titre la déconnexion totale avec le réel, et fustigeant le ton condescendant et infantilisant de cette « com » gouvernementale. Avec une certaine condescendance, certains voient dans ces expressions des « indignations faciles » ou encore des « syndicats dépassés ».

Ils risquent d'en être pour leurs frais. Ces protestations démontrent que les initiatives citoyennes ne sont pas déconnectées du champ syndical, mais qu’elles témoignent de la profonde aversion et de la sourde colère contre ce texte. La force de cette riposte sur les réseaux sociaux révèle une importante motivation et fait preuve de beaucoup d'inventivité et de disponibilité pour agir. Cette riposte est aussi animée et relayée par nombre de militants syndicaux et d'organisations, notamment la CGT. L'enjeu, pour le 9 mars, c'est de traduire dans les rues du pays cette mobilisation qui s'annonce puissante.

DES MANIFESTATIONS ET DES INITIATIVES PARTOUT

Les mobilisations se construisent partout et, en dépit du report de l'examen du texte, les organisations syndicales et de jeunesse d'Île-de-France appellent par exemple à une manifestation unitaire régionale le mercredi 9 mars à 12 h 30 devant le Medef, avenue Bosquet (métro École militaire), vers le ministère du Travail, rue de Grenelle.

En effet, réunis en intersyndicale, CGT, FO, Solidaires, Unef, UNL, Fidl d'Île-de-France se sont rencontrées le 29 février, et leurs échanges ont confirmé mécontentement et opposition déterminée contre le projet de loi. L'Urif-CGT invite toutes les organisations de la région à organiser des temps forts d'explication sur la nature régressive de cette loi, dans les entreprises, en particulier durant la semaine du 7 au 11 mars.

L'Ugict-CGT a mis en ligne un site dédié à toutes les mobilisations, actions web, manifestations, rassemblements, débats, qui s'organisent en France dès à présent et en particulier le 9 mars. Un site interactif où il est possible de faire connaître ses initiatives et de s'inscrire pour annoncer sa participation. Fin mars, avec d'autres organisations syndicales et organisations de jeunesse, la CGT appelle les salariés à une journée de mobilisation convergente et nationale « sur les revendications, pour le retrait du projet El Khomri, pour un Code du travail du 21e siècle ! »