À venir
Votre identifiant correspond à l'email que vous avez renseigné lors de l'abonnement. Vous avez besoin d'aide ? Contactez-nous au 01.49.88.68.50 ou par email en cliquant ici.
HAUT
LOI TRAVAIL

"49.3 ou pas, on n’en veut toujours pas"

8 juillet 2016 | Mise à jour le 10 février 2017
Par | Photo(s) : Bapoushoo

Le meeting organisé le mercredi 6 juillet par les organisations syndicales de salariés et de jeunes opposées à la loi travail témoignent d'une détermination intacte des militants pour que, 49.3 ou pas, la loi dite travail, rejetée par l'immense majorité de la population, ne passe pas. Reportage.

Mobilisés et déterminés : l'ambiance au gymnase Japy à Paris, où les organisations syndicales de salariés et de jeunes opposées à la loi « travail » tenaient meeting ce mercredi 6 en fin d'après-midi, disait à elle seule que l'été sera chaud avant une rentrée battante.

Tour à tour, devant une salle comble de militants drapeaux levés prompts à scander « ni négociable, ni amendable, retrait de la loi ! » ou « 49.3 ou pas, on n'en veut toujours pas », les responsables de la CGT, de FO, de la FSU, de l'UNL, de l'Unef et de la Fidl ont rappelé les raisons de leur refus d'une telle loi et leur engagement à poursuivre ensemble le combat.

PLUS DE QUATRE MOIS DE LUTTE

De fait, en plein mois de juillet, des manifestations d'ampleur comme celles du mardi 5, puis un meeting syndical unitaire, c'est rare, sinon inédit, comme l'a rappelé Philippe Martinez. Le mouvement lui-même a quelque chose d'inédit : plus de quatre mois de mobilisation unitaire de sept organisations syndicales de salariés et de jeunes, douze journées de manifestation, une pétition qui a en quelques jours dépassé le million de signatures sur le net, des milliers de salariés en grève des jours durant en dépit des difficultés financières, une votation citoyenne à laquelle plus d'un million de personnes ont participé…

Si le projet gouvernemental constitue un risque de recul social de plusieurs décennies, la réponse populaire s'avère à la hauteur.

L'AUTORITARISME : UN SIGNE DE FAIBLESSE

Pourtant, le gouvernement et le Medef auront tout fait pour délégitimer le mouvement et décourager les militants : campagnes d'accusations sur les thèmes de la ringardise, comme si, a rappelé à son tour Martin Bontemps, représentant de l'Unef, défendre les droits était moins moderne que de ramener le monde du travail au temps de Germinal ; insultes et amalgames visant à associer manifestations et casse, voire militants et terroristes ; mais aussi tentatives d'intimidation, violences policières, arrestations, tentatives d'interdire les manifestations, filtrage et contrôle policier empêchant des milliers de citoyens d'y participer…

Mais rien n'y aura fait : les salariés, les syndicalistes, les citoyens… restent très majoritairement opposés à la loi « travail ».

Au point qu'après avoir nié toute écoute des organisations syndicales, le gouvernement a dû user du 49.3 au Parlement. Une attitude condamnée une nouvelle fois ce mercredi pour son déni de démocratie, mais qui révèle également, ont souligné les syndicalistes, l'état de faiblesse du gouvernement. Une loi minoritaire et illégale.

Cet autoritarisme croissant pour mettre en œuvre des politiques d'austérité à l'instar de ce qui se joue dans quasiment toute l'Europe s'avère donc signe de faiblesse. Minoritaire dans l'opinion, « le projet gouvernemental relève en outre, souligne Philippe Martinez, de l'illégalité, au regard des normes de l'OIT ainsi que du pacte des Nations unies relatif aux droits sociaux, économiques et culturels. »

ZÉRO POINTÉ

Aussi mérite-t-il, commente Jean-Claude Mailly, « un zéro pointé. » Tant sur la méthode visant à contourner toute concertation, en dépit des multiples propositions des organisations syndicales, que sur son contenu. À commencer par l'absence de reconnaissance des branches et des conventions nationales, avec menace de poursuivre ce processus du privé au public, et en dépit des effets catastrophiques observés dans les pays européens où de telles politiques ont été adoptées : Grèce, Espagne, Portugal…

Le syndicaliste rappelle aussi les conséquences de l'inversion programmée de la hiérarchie des normes, qu'il s'agisse de temps de travail, de paiement des heures supplémentaires, de salaires, de travail de nuit ou partiel…

Comme ses partenaires, le dirigeant de FO souligne combien l'austérité est suicidaire socialement, économiquement, et finira, si l'on n'y prend garde, par l'être également pour la démocratie.

PRÉPARER LE XXIE SIÈCLE

« Tout cela laissera des traces », avance Bernadette Groison, pour la FSU, qui rappelle les choix que ne cesse d'opérer ce gouvernement pour satisfaire les exigences du patronat, du pacte dit de responsabilité aux lois Macron, et les besoins réels de changement pour permettre aux salariés de bénéficier d'autres droits, mais aussi pour répondre aux grands défis multiples du XXIe siècle et se projeter dans l'avenir. Par exemple, en termes de formation, d'éducation, de droits pour la jeunesse…

Une urgence. Et le sentiment de trahison en la matière aura été d'autant plus violent que le président de la République s'était fait élire, notamment, sur la promesse de mettre la jeunesse au centre de ses priorités, rappellent, chacune à sa façon, les représentantes des deux organisations lycéennes, soulignant de même que Martin Bontemps combien la mobilisation a déjà commencé à payer (bourses, places en BTS), et combien il apparaît décisif de la poursuivre.

L'ÉTÉ SERA CHAUD, LA RENTRÉE AUSSI

« Pas question de se passer des congés payés, acquis du Front populaire », assure Philippe Martinez. Mais pas question pour autant d'abandonner la mobilisation, bien au contraire. Ainsi des caravanes pour les droits des travailleurs saisonniers ou de la présence sur le Tour de France.

« Il faudra aussi savoir accueillir les ministres, partout où ils se rendront, comme il se doit », appelle Jean-Claude Mailly. Quant à la rentrée, elle promet d'être revendicative, très tôt. Une intersyndicale se réunit cette semaine et définira de premières initiatives pour septembre. Car 49.3 ou pas, la loi peut ne pas être suivie de décrets d'application, ou encore être abrogée.

Droit dans ses bottes, le premier ministre doit s'attendre à avoir les syndicats, le monde du travail et la jeunesse face à lui pour le lui rappeler.