Julien Pitard, éducateur de football
Julien forme les moins de 15 ans (U15, équivalente aux cadets) du Red Star Football Club, qui tous ne rêvent que d’une chose : devenir joueur professionnel et rejoindre un... Lire la suite
Pour arriver à l'atelier de dorure, il faut traverser le cœur de l'usine Baccarat : le four central d'où sort la matière en fusion, où les maîtres verriers, véritables magiciens du feu, soufflent et forgent le cristal. Tout au bout, un petit couloir, une porte et, derrière, le calme de l'atelier d'Angélique Unterner et de ses collègues doreuses. Un univers exclusivement féminin dans une usine à majorité masculine.
Il y a parfois des hommes qui passent là, « mais ils ne restent pas », sourit Angélique. Ce matin, elle pose l'émail sur un vase d'Ispahan, une pièce rare de 1 878, ressortie des collections Baccarat pour être présentée au club des Meilleurs Ouvriers de France et remise au goût du jour pour l'occasion, avec des tons bleu turquoise et orange sanguine.
« À l'époque où ce vase a été conçu, on ne travaillait qu'avec des couleurs primaires. Il m'a fallu quinze jours pour réussir à composer ces nouvelles teintes », explique Angélique. Elle tourne délicatement le pinceau dans la couleur, en détaillant le procédé : « Vous voyez la bille que l'émail forme au bout du pinceau ? C'est cette bille qu'on va ensuite travailler. Il faut que ce soit bombé, qu'il y ait du relief sur le cristal. »
La tâche exige une patience infinie : les surfaces à couvrir sont parfois minuscules, de l'ordre de un millimètre carré, comme ces pétales de fleur bleus, ou les plumes rouges de l'oiseau. Surtout, ne pas se tromper : une erreur oblige à tout effacer. Le modèle posé à côté d'elle, Angélique se concentre. Elle a appris le métier sur place, en regardant et en écoutant les plus anciennes.
Ici, tout est affaire de transmission. Il n'existe aucune formation pour être doreuse. Angélique s'inquiète pour ce savoir-faire qui pourrait facilement se perdre. « Quand je suis arrivée en 2000, nous étions douze doreuses. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que quatre. »
À côté d'Angélique, sa collègue Jocelyne Arnaud applique une dorure sur des verres Empire. Des petites poussières s'étaient posées sur la première couche d'or, la cuisson les a transformées en bulles, il faut tout reprendre.
Pas question de laisser partir une pièce imparfaite. Une fois sortie du « moufle », un four à 500 degrés qui fixe l'or, il faudra encore frotter la dorure avec une pierre d'agate, pour la faire briller. C'est la fin d'un long processus de fabrication : chaque objet qui arrive ici est passé entre les mains de souffleurs, puis de tailleurs.
Pour certaines pièces rares, comme cette carafe qu'Angélique tient dans ses mains, il faudra encore des journées entières à l'atelier de dorure – « entre seize et vingt-quatre heures », estime la doreuse. La première face lui aura pris une journée entière. « Allez, prochaine étape demain ! Je vais la porter au four. » Mais d'abord, Angélique s'arrête et admire le travail fini : « Elle est sympa quand même, cette carafe ! »
Paru dans Ensemble La CGT
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